mercredi 13 mars 2019

Le type de l'ennéagramme de Nelson Mandela : Découvrez vos motivations et révélez votre talent !

Chapitre 4 : les motivations de Nelson Mandela

Désormais, vous avez pris connaissance des neuf types de l’ennéagramme.
Je vous propose maintenant de découvrir, en pratique, comment l’ennéagramme fonctionne pour déterminer le type d’une autre personne. L’étude repose alors sur l’analyse du comportement, qui est observable.
Vous remarquerez que votre regard sur vous-même change lorsque vous prenez conscience de vos motivations permanentes : vous vous connaissez mieux !
Quand vous reconnaissez les motivations permanentes de vos proches, vous les redécouvrez en les comprenant mieux.
Si vous appliquez cette même méthode aux personnages célèbres, ils apparaîtront sous un jour nouveau.
Intéressons-nous maintenant à Nelson Mandela.

Une brève biographie de Nelson Mandela

Rolihlahla Mandela naît le 18 juillet 1918 dans le village de Mvezo de la province du Transkei. Sa famille est issue de l’ethnie Xhosa. Son père appartient à une famille royale. Il a quatre femmes. Il est chef héréditaire et conseiller du roi. Il meurt quand Rolihlahla a 9 ans. Rolihlahla est alors confié à Jongintaba, le régent du peuple Tembu.
Aujourd’hui, Rolihlahla Mandela est connu de tous — ou presque — sous les prénom et nom de Nelson Mandela. Mais d’où vient ce prénom ? Mandela raconte : « Je devais avoir sept ans quand il a été décidé de m’envoyer à l’école. L’institutrice […] me dit : “Toi, ça sera Nelson !” »(3)
Nelson est scolarisé dans deux établissements méthodistes. Comme son père, il est destiné à devenir conseiller du roi. En 1938, grâce au soutien du régent Jongintaba, il intègre l’université de Fort Hare, la seule ouverte aux noirs en Afrique du Sud. Il y rencontre Oliver Tambo qui devient son ami. À l’époque, il adhère au principe de non-violence défendu par Gandhi. Il est exclu de Fort Hare en 1940 pour indiscipline.
Il déménage alors à Johannesburg pour éviter le mariage organisé pour lui par le régent Jongintaba. Il y travaille d’abord comme veilleur de nuit dans une société minière. Puis, avec l’appui de son ami Walter Sisulu, il décroche un emploi dans un cabinet d’avocats juifs. Tout en travaillant, il s’inscrit à des cours de droit par correspondance et obtient son diplôme d’avocat.
Nelson Mandela s’associe avec Oliver Tambo qu’il a connu à l’université de Fort Hare. Les deux hommes vont créer le premier cabinet d’avocats noirs d’Afrique du Sud. Après des débuts difficiles à Johannesburg, Mandela devient un avocat reconnu, porte d’élégants costumes, conduit une belle voiture, fréquente de bons restaurants et compte de nombreuses conquêtes féminines.
Il épouse Evelyn Mase, une cousine de Walter Sisulu, en 1944. Le couple a deux fils Thembi et Makgatho ainsi que deux filles toutes deux prénommées Maki.
Mandela adhère à l’ANC — le Congrès national africain — en 1943. L’ANC est un parti politique créé en 1912 pour défendre les intérêts des noirs.
Les nationalistes blancs remportent les élections de 1948. Le régime de l’apartheid est institué. De nouvelles lois édictent une classification et une séparation des races, l’interdiction des mariages mixtes et l’instauration d’un laissez-passer pour tous ceux qui ne sont pas blancs.
Après la victoire des nationalistes, Alfred Xuma, le président de l’ANC ne veut pas boycotter les institutions de l’apartheid. Mais sous la pression des adhérents et dirigeants du parti, Xuma démissionne en mars 1950. Sisulu lui succède à la présidence et Mandela fait son entrée au comité exécutif national. L’ANC change radicalement de politique et s’oppose à l’apartheid en organisant une campagne de désobéissance civile et des manifestations.
Fin 1956, Mandela est arrêté pour trahison. Il est libéré en 1957. Mais, pendant son incarcération, Evelyn a quitté le domicile conjugal. Le divorce est prononcé. Nelson entretient alors plusieurs liaisons. Puis il rencontre Winnie Madikizela. Winnie est travailleuse sociale. Nelson et Winnie se fréquentent quelques mois et Nelson la demande en mariage. Elle accepte et le mariage est célébré en 1958. Ils ont eu deux filles : Zeni et Zindzi.
En avril 1959, les militants africanistes issus de l’ANC créent le PAC, le Congrès panafricain. Le PAC veut aller plus loin que l’ANC dans l’opposition à la politique conduite par le gouvernement blanc. Il prône un nationalisme noir et peut compter sur des militants très actifs.
En 1959 et 1960, de nombreuses manifestations sont organisées par l’ANC et le PAC. Le gouvernement blanc les réprime avec violence. Le 21 mars 1960, la manifestation de Sharpeville se solde par plus de 60 morts et 180 blessés. La police tire sur une foule en fuite. La plupart des victimes — des hommes, des femmes et des enfants noirs — ont reçu des balles dans le dos. Une partie de la communauté internationale et certains médias internationaux condamnent cette répression brutale. Cela n’empêche pas le gouvernement blanc d’interdire l’ANC et le PAC. Oliver Tambo, le secrétaire général de l’ANC, s’exile.
Mandela abandonne alors la non-violence pour la lutte armée. L’ANC crée une organisation militaire : MK, la Lance de la nation.
Mandela est arrêté en août 1962, après un an et demi de clandestinité. Il est impliqué dans l’opération Mayibuye qui avait pour objectif de renverser le « pouvoir blanc par la force et la violence. »(7) Mandela n’était pas l’initiateur de cette opération, mais il avait signé de nombreux documents saisis par la police. Il est poursuivi en justice.
Le procès de Rivonia se tient entre octobre 1963 et juin 1964. Mandela et une dizaine de membres de la branche militaire de l’ANC sont accusés de sabotage et destruction de biens, des crimes passibles de la peine de mort. Finalement, Mandela et plusieurs autres dirigeants de l’ANC sont condamnés à la prison à perpétuité par le tribunal de Pretoria.
Nelson Mandela et quelques-uns de ses amis sont incarcérés à Robben Island. Le mouvement de résistance noir en Afrique du Sud est décimé. Les actions politiques et armées ne reprendront qu’à partir de 1976 avec les émeutes de Soweto.
Mandela est d’abord emprisonné à Robben Island jusqu’en mars 1982, puis à Pollsmoor jusqu’en décembre 1988 et enfin à Victor Verster jusqu’au 11 février 1990.
Robben Island est une petite île située à douze kilomètres au large du Cap. Les Afrikaners y ont construit une prison. Les conditions de détention sont très dures pour tous les prisonniers. Mais les prisonniers politiques comme Mandela sont soumis à un régime de détention encore plus difficile que celui des détenus de droit commun. Les cellules sont minuscules, les séances de travaux forcés sont particulièrement éprouvantes, les gardiens infligent quotidiennement des brimades aux prisonniers, les visites sont très rares et le courrier arrive tous les six mois. L’objectif est d’anéantir la volonté des prisonniers. Mandela y est enfermé 18 ans.
En mars 1982, il est transféré à la prison de Pollsmoor avec ses amis dirigeants de l’ANC, Walter Sisulu, Raymond Mhlaba, Ahmed Kathrada et Andrew Mlangeni. Les conditions d’emprisonnement sont beaucoup moins éprouvantes qu’à Robben Island.
Mais, fin 1988, Mandela contracte la tuberculose. Après sa convalescence, il est transféré à la prison Victor Verster. Ses conditions de détention s’améliorent à nouveau. Il occupe une maison confortable, avec jardin et piscine, qui était auparavant le logement de fonction du directeur adjoint de la prison. Il peut recevoir qui il souhaite, sa femme Winnie, les membres de sa famille, ses compagnons de l’ANC, les membres du gouvernement sud-africain... Le gouvernement sud-africain veut faciliter la transition entre sa vie de détenu et sa future vie civile et politique.
À partir de 1976, les protestations et les soulèvements des noirs commencent à déstabiliser le régime sud-africain. À Soweto et ailleurs, les noirs se révoltent jusqu’à la fin de l’année 1976. Bilan : 575 morts.
En 1980, l’ANC lance la campagne « Libérez Mandela ». Mandela est alors le prisonnier le plus célèbre du monde. Dans les pays occidentaux, de nombreux manifestants exigent la libération de Mandela et la fin de l’apartheid. Oliver Tambo et l’ANC sont exilés, mais restent très actifs pour alerter l’opinion publique internationale.
Dans les années quatre-vingt, de nombreux townships deviennent ingouvernables. MK, la branche armée de l’ANC, conduit une guérilla efficace avec des actions de sabotage et des attentats.
En 1984 et 1985, de nombreuses manifestations noires éclatent en Afrique du Sud. La répression policière est particulièrement brutale avec plus de 700 morts. Malgré le rapprochement entre Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev, à partir de 1985, la situation demeure très tendue en Afrique du Sud entre le gouvernement blanc et l’ANC. P.W. Botha, le président sud-africain tient le pays d’une main de fer.
Toujours en 1985, une entrevue secrète a lieu entre Mandela et Coetsee, le ministre sud-africain de la Justice et des Prisons.
La violence reprend en 1986. En mai, l’armée sud-africaine lance trois opérations contre l’ANC au Botswana, en Zambie et au Zimbabwe.
En mai 1987, la droite et l’extrême droite gagnent les élections législatives haut la main. Toutefois, les relations entre Mandela et le gouvernement ne sont pas rompues. Une rencontre secrète a lieu le 5 juillet 1989 entre le président Botha et Mandela. Elle vise à négocier les conditions de libération de Mandela.
Victime d’un AVC, P.W. Botha se retire de la présidence en août 1989. Frederik de Klerk, le chef du parti national, devient le nouveau président sud-africain.
Les quatre membres de l’ANC et compagnons de Nelson Mandela à Robben Island puis à Pollsmoor, Walter Sisulu, Raymond Mhlaba, Ahmed Kathrada et Andrew Mlangeni sont libérés le 8 octobre 1989. Quatre autres personnalités de l’ANC emprisonnées à Robben Island retrouvent également la liberté.
Dans la foulée, le président de Klerk assouplit les lois de l’apartheid en autorisant les noirs à accéder aux plages, aux parcs publics, aux cinémas, aux transports en commun...
Le 12 décembre 1989, Frederik de Klerk annonce la levée de l’interdiction d’exercer une activité politique qui pesait sur l’ANC et d’autres organisations. Le 2 février 1990, il fait part de sa « décision irrévocable de libérer [Mandela] sans condition. »(7)
Mandela est libéré le 11 février 1990 après 10 000 jours de captivité. Il a 71 ans.
Son premier objectif est de s’imposer à la tête de l’ANC. Il y parvient rapidement en succédant à Oliver Tambo, à la tête du parti, en juillet 1991.
Mandela maintient la pression sur le gouvernement sud-africain. Il se rend dans de nombreux pays étrangers pour rechercher un soutien à la fois politique et financier. Il rencontre tous les chefs d’État qui avaient soutenu l’ANC y compris ceux qui avaient été mis à l’index par les dirigeants occidentaux comme Mouammar Kadhafi, Fidel Castro ou Yasser Arafat.
Il entame alors une grande tournée en Afrique du Sud. Il rencontre un succès extraordinaire : 120 000 personnes l’acclament au stade de Soweto, 200 000 à Port Elizabeth. Chacun de ses discours est précédé de chants, de danses et de formules scandées par une foule enthousiaste.
Le processus de négociation pour établir une démocratie en Afrique du Sud débute officiellement en mai 1990.
Mais, dans le pays, les tensions sont encore très grandes. Les conservateurs blancs s’opposent à la volonté de Mandela de créer une démocratie multiraciale. Inkata, l’aile conservatrice zouloue, rejette les propositions de l’ANC. Les conservateurs blancs et certains noirs craignent la vengeance des dirigeants de l’ANC. La police, qui est dirigée par les blancs, soutient Inkata pour créer un climat de guerre civile. L’objectif de la droite blanche est d’obtenir la scission du pays en neuf États tribaux et un blanc, tous souverains.
Dans ce contexte, l’assassinat de Chris Hani aurait pu mettre le pays à feu et à sang. Hani était un leader de l’ANC exilé pendant trois décennies. Il était une légende vivante pour les noirs sud-africains. Conscient de l’extrême gravité de la situation, Mandela adresse un message de paix à la nation le 10 avril 1993. Il rappelle que c’est grâce au témoignage d’une Afrikaner que l’assassin a été arrêté. Il est écouté et le drame évité. Comme le souligne Desmond Tutu « si Nelson n’était pas apparu à la télévision et à la radio comme il l’a fait, notre pays s’en serait allé en fumée. »(1)
Mais toutes les difficultés ne sont pas encore surmontées. Le 7 mai 1993, le général afrikaner Constand Viljoen déclare : « Le peuple afrikaner doit se préparer à se défendre. »(1) Il est écouté et suivi : les responsables des autres organisations de droite lui font allégeance. Le Volksfront est créé avec pour objectif d’ériger un État afrikaner indépendant. Viljoen défend la création d’un « Israël pour les Afrikaners. » Il parvient à recruter 150 000 volontaires dont la plupart sont armés et ont une formation militaire. Le 25 juin 1993, l’armée de Viljoen fait irruption dans l’immeuble du World Trade Center, à Johannesburg. Heureusement, Viljoen accepte de négocier avec les membres du gouvernement et ceux de l’ANC : le départ de ses hommes contre l’assurance qu’ils ne seront pas arrêtés. Un accord est conclu et un bain de sang évité.
Une rencontre est organisée entre Mandela et Viljoen le 12 août 1993. Viljoen dispose d’une armée suffisamment puissante pour déstabiliser le pays. Et il semble prêt à recourir à la force pour défendre les intérêts des Afrikaners. Mais, finalement, Mandela parvient à le convaincre de renoncer à la guerre civile.
Mandela et de Klerk reçoivent le prix Nobel de la paix, en décembre 1993, pour leur action en faveur de la paix et de la transition démocratique en Afrique du Sud.
Fin 1993, Georg Meiring, le chef des forces armées sud-africaines annonce qu’il soutient la nouvelle Constitution et l’organisation d’élections multiraciales. Les négociateurs fixent la date des premières élections multiraciales en avril 1994.
Les élections ont lieu le 27 avril 1994. L’ANC obtient plus de 60 % des voix. Nelson Mandela est élu président et prête serment le 10 mai 1994. Il a 75 ans.
Il n’y a pas de révolution avec l’arrivée de Mandela au pouvoir : la vie des blancs n’est pas bouleversée et les fonctionnaires blancs occupent toujours leur poste.
Mais le pays n’est pas encore pacifié. Plusieurs attentats ont lieu et les Sud-Africains restent divisés. La police couvre certains agissements des extrémistes blancs. C’est pourquoi Mandela débarque le chef de la police, Johan van der Merwe. Aussi, une partie de la droite fomente un complot contre le gouvernement. Le plan consiste à assassiner le roi zoulou afin de provoquer une émeute contre l’ANC. Mandela en est informé et il déploie rapidement la police et les services de renseignement pour faire échec à la tentative de coup d’État. Le complot est déjoué.
Pour assurer la paix entre les blancs et les noirs et asseoir la nouvelle démocratie multiculturelle, Mandela institue la Commission vérité et réconciliation. La Commission accorde des amnisties à tous ceux qui avouent leurs crimes et démontrent les motivations politiques de leurs actions. Elle rend son rapport final en octobre 1998. Peu de responsables de haut niveau ont témoigné et certaines victimes de l’apartheid ont ressenti une grande justice. La Commission vérité et réconciliation a tout de même été un succès : elle a permis d’éviter une guerre civile et favorisé la réconciliation nationale.
Au moment de la libération de Nelson, son mariage avec Winnie ne tient plus qu’à un fil. Pendant la captivité de Nelson, Winnie consommait beaucoup d’alcool. Aussi, elle entretenait une liaison avec un homme beaucoup plus jeune qu’elle, relation qu’elle poursuivit après la libération de Nelson. La séparation est actée en 1992 et le divorce prononcé en 1996. En 1998, Nelson Mandela officialise sa relation avec Graça Machel, la veuve de Samora Machel, l’ancien président du Mozambique mort en 1986. Nelson et Graça se marient en 1998.
En 1994, Mandela est le premier président sud-africain démocratiquement élu. Un an après le début de son mandat, il annonce qu’il ne se représentera pas au motif qu’un « octogénaire n’a pas à se mêler de politique. »(8) Il tient parole. Mandela a été le père de la jeune démocratie sud-africaine, la nation arc-en-ciel dont il a posé les bases et fixé le cap.
Le président Mandela a conduit une politique volontariste pour améliorer les conditions de logement des plus pauvres, leur accès à l’eau potable et à l’électricité. Il a aussi amélioré l’offre de soins aux plus démunis.
Mais il n’a pas réglé tous les problèmes de l’Afrique du Sud. À la fin de son mandat, l’Afrique du Sud était encore l’économie la plus riche du continent, mais les très fortes inégalités entre les blancs et les noirs existaient toujours. Aussi, Mandela a été critiqué pour n’avoir pas suffisamment pris en compte l’ampleur du sida dans son pays.
Le 26 mars 1999, quand il prononce son discours de fin de mandat, Mandela est acclamé par le Parlement. Après sa retraite politique, il demeure très impliqué dans ses actions en faveur de la paix et la lutte contre le sida.
Nelson Mandela est mort le 5 décembre 2013 à l’âge de 95 ans. Une cérémonie officielle d’hommage et des funérailles nationales ont été organisées en son honneur.

Le comportement et les motivations de Nelson Mandela

Examinons maintenant le comportement de Nelson Mandela.
Mandela était direct et franc. Il en attendait autant de ses interlocuteurs. Il ne supportait pas les hypocrites.
Stengel écrit que Mandela ne tenait pas de double discours et qu’il n’était pas hypocrite. Selon Niël Barnard, le directeur du service de renseignement à l’époque de l’apartheid « Mandela était très sincère, même d’une franchise brutale parfois. »(1)
Le général Constand Viljoen et le président P. W. Botha étaient ses adversaires déclarés. Et pourtant il s’entendait bien avec eux : il les considérait comme des hommes courageux, directs et francs.
En revanche, Mandela détestait de Klerk qu’il trouvait fuyant et tiède. Il l’accusait d’être indifférent à la mort des noirs. Il estimait aussi que l’attribution du prix Nobel de la paix à de Klerk était une injustice flagrante. D’ailleurs, lors du dîner qui avait suivi la remise du Nobel, Mandela s’était exprimé sans prendre des gants. George Bizos, qui fut l’avocat de Nelson Mandela, s’en souvenait parfaitement : « Il a décrit de façon horriblement détaillée ce qui était arrivé aux prisonniers sur Robben Island, y compris l’enterrement d’un homme dans le sable jusqu’au cou et le fait qu’on urinait sur lui... » Et Mandela a conclu : « Voyez, ce sont ces gens qui représentent ce système. »(1) Même les dirigeants de l’ANC le trouvaient excessif dans ses critiques du président de Klerk.
Nelson Mandela contrôlait rigoureusement son emploi du temps. Ainsi « il détestait être en retard, et tenait le manque de ponctualité pour un défaut de caractère. » Les Sud-Africains étaient généralement moins ponctuels que lui et Mandela plaisantait souvent sur le « temps africain. »(8)
Il était très attentif à son apparence. Avocat, il accordait beaucoup d’importance à ses habits, car il savait que les blancs le jugeraient d’abord sur sa tenue vestimentaire. Dans la clandestinité, il portait un treillis et s’était laissé pousser la barbe, comme Che Guevara. Président, il portait des complets sombres. Après avoir quitté la présidence, il s’affichait avec des chemises aux motifs africains. Sur les photos, il prenait la pose : il souriait, affichait une belle prestance et inspirait confiance.
Mandela était mince et fier de l’être. Il surveillait son alimentation et faisait de l’exercice. Jeune avocat, il pratiquait la boxe en amateur et s’entraînait presque quotidiennement. Lorsqu’il était prisonnier, chaque jour, il courait sur place 45 minutes, faisait 200 abdos puis 100 pompes sur les doigts. Après sa libération, il se levait avant l’aube et marchait pendant une heure. Et il était endurant.
Mandela était grand : entre 1 m 90 et 1 m 95 selon les auteurs. Il se tenait bien droit, la tête haute même quand il était prisonnier. Il se déplaçait lentement, avec une lenteur délibérée. Il avait une grande maîtrise de lui-même : « Quand il était assis, ou qu’il vous écoutait, il ne croisait pas les jambes, il ne tapotait ni du pied ni du bout des doigts, il ne s’agitait pas. Il n’avait pas de tics nerveux. »(8)
Richard Stengel écrit que Mandela « aurait fait un excellent joueur de poker »(8), car il écoutait attentivement ses interlocuteurs sans montrer aucune émotion.
Il ne s’énervait presque jamais. Ahmed Kathrada, son camarade de détention, se souvient que Nelson Mandela ne s’est mis en colère que deux fois lorsque les gardiens ont insulté Winnie. Mandela a pourtant été emprisonné durant presque trois décennies et dans des conditions extrêmement difficiles à Robben Island.
Alors que Nelson était incarcéré, sa femme Winnie fut à son tour arrêtée et emprisonnée. Même fatigué et tendu Mandela a tenu le coup.
Sa mère était venue lui rendre visite au parloir de la prison de Robben Island en 1968. Elle était très fatiguée et gravement malade. Après cette visite, Mandela avait « la nuque cassée. » Quelques semaines plus tard, sa mère est morte. Et pourtant, il ne s’est pas énervé quand l’administration pénitentiaire lui a refusé l’autorisation d’assister aux funérailles. Il a simplement déclaré au surveillant pénitentiaire James Gregory : « Ils pouvaient très bien me laisser aller mettre ma mère en terre. Vous m’auriez accompagné. Et même si j’avais été seul, je serais revenu ici. »(3)
À Robben Island, quand les gardiens distribuaient « le courrier et qu’on appelait son nom, il se retenait de courir. »(3)
Chris Hani était le chef militaire de l’ANC. Il était très populaire. Après son assassinat, le pays pouvait sombrer dans la guerre civile. Même si les circonstances étaient dramatiques, Nelson Mandela n’a jamais perdu son sang-froid. Il a adressé un message d’apaisement aux Sud-Africains et il a été écouté.
Lors d’un voyage dans la province du Natal, pour la campagne électorale de 1994, un moteur de l’avion qui le transportait est tombé en panne. Les pilotes ont décidé un atterrissage en urgence. Informé de la situation, Mandela hocha la tête et reprit la lecture de son journal, imperturbable.
Il n’hésitait pas à recadrer ceux qui manquaient de maîtrise. Son chauffeur s’était trompé de route et conduisait plus vite pour rattraper le retard. Mandela lui dit : « On se calme, man. »(8)
Nelson Mandela ne supportait pas les manifestations de faiblesse.
À 16 ans, il avait participé avec d’autres jeunes du même âge au rituel de la circoncision Xhosa. Six décennies plus tard, il s’en souvenait parfaitement : « L’incision avait été pratiquée sans anesthésie, et j’eus l’impression que du plomb fondu se répandait dans mes veines. Pendant plusieurs secondes, j’oubliai la formule ; au lieu de la prononcer, j’essayai d’encaisser le choc en m’enfonçant de la tête et des épaules dans un mur de paille. Je récupérai, et me débrouillai pour répéter l’expression : “Je suis un homme !” Les autres garçons semblaient beaucoup plus forts ; quand ce fut à leur tour, ils la répétèrent aussitôt et distinctement. » Mandela n’avait pas failli, mais il était déçu par son comportement : « J’ai faibli. Je n’ai pas crié la formule d’une voix ferme. »(8)
En 1969, alors qu’il était emprisonné, Mandela apprit le décès de son fils dans un accident de voiture. Il reconnaissait que « c’était une douleur presque insupportable. » Mais « il fallait qu’il montre aux gardiens et à ses camarades de détention qu’il n’était pas brisé par la nouvelle. »(8) Gregory confirme la maîtrise de Mandela lors de ce tragique événement. Il lui annonça la terrible nouvelle et ajouta : « Tout ce que je sais pour l’instant, c’est qu’il était en train de passer sur un pont. Sa voiture a heurté la rambarde. Je vais essayer d’en savoir plus. Je suis vraiment désolé pour vous. » Et Mandela répondit : « Merci, Monsieur Gregory. »(3)
Mandela fit un malaise à la prison de Pollsmoor. Il vomissait, tremblait et éprouvait de grandes difficultés à tenir debout. Gregory voulut l’aider en lui tenant le bras. Mais Mandela repoussa sa main et lui dit : « Il vaut mieux pas. Je vais me débrouiller tout seul. »(3) En fait, Mandela avait contracté la tuberculose et ses poumons se remplissaient d’eau. L’extraction de l’eau des poumons fut très douloureuse, mais il ne broncha pas.
Il n’aimait pas du tout qu’on lui demande d’analyser ses sentiments. Il devenait alors irritable. Pour lui, dévoiler ses sentiments c’était manquer de maîtrise de soi et risquer de paraître faible.
Mandela avait été injustement emprisonné pendant 27 ans. Quand on l’interrogeait à ce sujet, il répondait : « j’en suis sorti mûri. »(8) Et pourtant, il souffrait d’avoir passé les meilleures années de sa vie en prison et sacrifié sa famille. Mais il n’en laissait rien paraître. Stengel pense que son sourire éclipsait ses blessures. Voici en quelques mots ce que Mandela a subi pendant sa captivité à Robben Island : les matons étaient insultants, parfois agressifs avec lui et sa femme ; les prisonniers ne pouvaient recevoir qu’une seule visite et qu’une seule lettre tous les six mois ; sa mère est morte et son fils aîné s’est tué dans un accident de voiture ; l’ANC était exilée ; l’apartheid se renforçait.
Chez les autres non plus, il n’appréciait pas les manifestations de faiblesse. Ainsi, il déclarait au sujet de codétenus qui l’avaient déçu : « C’étaient des hommes intègres, des hommes d’honneur, même s’ils se sont montrés faibles. »(8)
Mandela était courageux.
Il n’a pas hésité à prendre des risques qui auraient pu lui coûter la vie. Il s’est porté volontaire pour conduire la campagne de désobéissance civile en 1951. Ensuite, il a vécu dans la clandestinité. Puis il a été arrêté et jugé lors du procès de Rivonia en 1964. Comme il a refusé de plaider non coupable, il risquait la peine de mort. Les juges l’ont finalement condamné à l’emprisonnement à vie. À Robben Island, Mandela n’hésitait pas à tenir tête aux gardiens de prison qui le menaçaient.
En 1986, il prit des risques en entamant des négociations secrètes avec le gouvernement sud-africain. Il était en contradiction avec la position officielle de l’ANC. L’ANC refusait toute négociation avec le pouvoir blanc tant que les lois de l’apartheid ne seraient pas abrogées et les prisonniers politiques libérés. Mandela n’informa ses amis prisonniers et les dirigeants de l’ANC qu’après avoir exigé des négociations. Les dirigeants et les militants de l’ANC le considéraient alors comme un traître. Mais il a tenu bon.
Mandela justifiait son comportement : « Il est absolument nécessaire que le leader, de temps en temps, agisse de façon indépendante, sans consulter personne, et expose ensuite sa décision devant l’organisation […] Ce que je veux dire, c’est que si j’avais discuté de ce problème avec mes camarades avant d’aller parler au gouvernement, ils auraient refusé. Et les négociations n’auraient toujours pas commencé à l’heure qu’il est. »(8)
Ensuite, à Washington, il avait demandé aux autres États de lever les sanctions contre l’Afrique du Sud. Il n’avait pas préalablement informé les dirigeants de l’ANC. Mais peu lui importait...
Quelques heures avant sa libération, la vie de Mandela était menacée. Les services secrets britanniques avaient informé leurs homologues sud-africains que des gardes armés auraient été payés pour l’assassiner. Mis au courant, Mandela avait refusé de reporter sa sortie.
Lors des premières élections démocratiques en Afrique du Sud, il s’est rendu dans la région du Natal alors que le climat était très tendu, la violence omniprésente et les assassinats très fréquents.
Il lui a fallu aussi beaucoup de courage pour sacrifier les plus belles années de sa vie pour mener son combat politique.
Mandela était courageux, mais il ne se prenait pas pour un surhomme. Lucide, il n’hésitait pas à reconnaître qu’il avait eu peur pendant les événements dramatiques qui ont rythmé sa vie. Pour lui, le courage n’était pas l’absence de peur, mais la capacité à la dépasser.
Il abhorrait la lâcheté. En prison, il avait noté son passage préféré de Jules César de Shakespeare :
« Les lâches meurent mille fois avant de mourir.
Le brave ne goûte jamais à la mort qu’une fois.
De tous les prodiges que j’ai eus à connaître,
Le plus étrange me semble que les hommes aient peur,
Vu que la mort, cette fin nécessaire,
Vient quand elle veut. »(8)
Il détestait qu’on lui marche sur les pieds et n’hésitait pas à défier l’autorité.
À l’université de Fort Hare, les étudiants avaient boycotté l’élection de leurs représentants pour protester contre la qualité des repas servis à la cantine et les faibles pouvoirs accordés au conseil représentatif des étudiants. Nelson avait soutenu ce boycott. Mais les étudiants qui avaient participé au vote l’avaient élu au conseil. Nelson considérait son élection illégitime et avait refusé son siège. Le directeur de l’université lui avait fixé un ultimatum : soit il acceptait de participer au conseil, soit il quittait l’université. Nelson a quitté l’université.
Lors de la campagne de désobéissance civile organisée par l’ANC, Mandela fit son premier coup d’éclat en brûlant son Pass-book, ses papiers d’identité d’homme noir.
À l’époque de l’apartheid, dans un petit village, il avait failli percuter un enfant blanc avec sa voiture. Un policier l’arrêta et lui dit : « Négro, aujourd’hui, tu vas en chier. » Mandela rétorqua : « Je n’ai pas besoin d’un agent de police pour me dire où je dois chier. » Et quand le policier s’est approché de lui, Mandela lui a conseillé d’être prudent, car en tant qu’avocat, il était en mesure de ruiner sa carrière. Il avait ensuite noté dans son journal : « Personne n’aurait pu être plus surpris que moi quand j’ai vu que le sergent hésitait. »(8)
En 1956, à un policier qui venait l’arrêter pour haute-trahison et lui dit « vous jouez avec le feu », Mandela répliqua « c’est mon jeu favori. »(7)
Lors du procès de Rivonia, il s’était affiché dans la salle d’audience en tenue de chef africain et avait déclaré : « Je suis un homme noir dans la cour de l’homme blanc. »(1) Il impressionna l’assistance et la salle était parfaitement silencieuse.
En 1963, à la prison de Robben Island, le commandant s’en prenait à un prisonnier parce qu’il avait les cheveux trop longs. Puis le commandant s’adressa à Mandela. La conversation dégénérait. Menaçant, le commandant se rapprocha de Mandela : « Il était évident qu’il allait me frapper, et je dois avouer... Je dois avouer que j’avais peur. » Mais Mandela réagit : « Touche-moi et je te traîne devant la plus haute juridiction du pays ! Quand j’en aurai fini avec toi, tu seras aussi pauvre qu’un rat d’église. »(8) Et le commandant se ravisa.
Au début des années 1970, la prison de Robben Island était dirigée par Piet Badenhorst. Badenhorst faisait régner la terreur. Il provoquait les prisonniers et leur infligeait des sévices. Après les multiples plaintes déposées par les prisonniers, des inspecteurs du ministère se rendirent sur place. Mandela fut désigné porte-parole des détenus. Parfaitement calme et maître de lui-même, il dressa la liste de toutes les brimades subies par les prisonniers. Furieux, Badenhorst le menaça devant les inspecteurs : « Fais gaffe, Mandela. Si tu parles de choses que tu ne connais pas, tu vas avoir des ennuis. Tu vois ce que je veux dire ? » Mandela répliqua calmement : « Messieurs, vous pouvez voir par vous-mêmes quel genre d’homme est notre directeur. S’il ose me traiter ainsi, en votre présence, vous pouvez imaginer ce qu’il se passe dans cette île le reste du temps. »(3) Trois mois plus tard, Badenhorst était muté. À la surprise de Mandela, Badenhorst déclara, juste avant son départ : « Je voulais vous souhaiter bonne chance à vous tous. »(1)
Mandela tenait fermement tête à ses adversaires. Mais il avait l’intelligence de ne pas les humilier. Niël Barnard, le directeur du service de renseignement, l’avait bien noté : « Il savait comment se servir du pouvoir sans humilier ses ennemis. »(1)
Le 31 janvier 1985, le président sud-africain, P.W. Botha proposa un marché à Nelson Mandela lors de son discours à l’assemblée : « Le gouvernement d’Afrique du Sud est disposé à libérer Monsieur Mandela à condition que celui-ci donne l’assurance absolue qu’il ne tentera pas de planifier, d’organiser ou d’inciter ses amis à des actes de violence pour faire progresser ses opinions politiques […] À la vérité, aujourd’hui, ce n’est pas le gouvernement sud-africain qui empêche la libération de Monsieur Mandela : c’est lui-même. »
La riposte de Mandela ne tarda pas. Comme il était emprisonné à Pollsmoor, sa fille Zindzi fut chargée de la lire à Soweto : « Je suis surpris des conditions que le gouvernement veut imposer pour ma libération. Je ne suis pas un homme violent […] Comme tous, je désire être libre. Mais votre liberté a encore plus d’importance pour moi […] Je n’aime pas moins la vie que vous ne l’aimez. Mais je ne vais pas marchander mon droit à vivre en paix dans un pays libre. Et je ne suis pas prêt non plus à marchander le droit de mon peuple à être libre […] Seul un homme libre peut négocier. Les prisonniers ne peuvent pas même serrer la main de leurs frères […] Mais à vous, je fais une promesse : je reviendrai parmi vous parce que bientôt nous nous serons libérés ! »(3)
Même lorsque son interlocuteur le questionnait poliment, Mandela pouvait se montrer inflexible. Ainsi « quand vous l’interrogiez à propos d’un sujet dont il n’avait pas envie de parler, son visage se figeait en une grimace de mécontentement. N’essayez pas d’insister, sinon il deviendra tout bonnement glacial, et détournera son attention. »(8)
Il défendait ses positions avec force et tranchait avec fermeté.
Selon Richard Stengel « Nelson Mandela ne faisait pas de compromis. » Il était courtois, mais il n’hésitait pas à dire non et « en disant non, il entendait se montrer clair et définitif. Il ne donnait pas de faux espoirs ; il ne laissait même pas la porte entrouverte. » Voici comment il se comportait : « il détournait les yeux un instant, puis il vous regardait franchement et disait : “désolé, mais la réponse est non.” »(8)
Au cours de sa vie, Nelson Mandela a souvent dit non : non à l’entrée des communistes chez les jeunes de l’ANC, non à la possibilité de plaider coupable lors de son procès de Rivonia, non à l’apartheid et au président de Klerk qui soutenait la domination blanche.
Tout le monde craignait les réactions excessives de Winnie Mandela, hormis Nelson. À Pollsmoor Mandela souffrait d’un dysfonctionnement de la prostate. Il fallait l’opérer. Le docteur Loubser, un urologue réputé, était pressenti pour l’intervention. Mais Winnie insistait pour choisir un autre médecin. Nelson trancha fermement : « Le docteur Loubser m’opérera lui-même. Pas la peine de revenir là-dessus. »(3) Et en effet, personne n’est revenu sur sa décision, pas même Winnie.
Niël Barnard, le directeur du service de renseignement à l’époque de l’apartheid, soulignait que Nelson Mandela « était un homme avec lequel, si vous ne trouviez pas de terrain d’entente, aucune entente ne serait possible. »(1)
Mandela s’était fermement adressé au président sud-africain Botha : « La règle de la majorité et la paix interne sont les deux côtés d’une même médaille et l’Afrique du Sud blanche doit tout simplement accepter le fait qu’il n’y aura jamais de paix et de stabilité dans ce pays tant que ce principe ne sera pas complètement appliqué. »(1)
Le syndicaliste Cyril Ramaphosa soulignait sa fermeté : « Quand il prend une décision, il est inébranlable. Sans lui et ses nerfs d’acier, nous n’aurions jamais pu négocier la fin de l’apartheid. »(7)
À l’occasion, Mandela pouvait inspirer de la crainte et recourir à l’intimidation.
Même le jeune, charismatique et impétueux leader Chris Hani ne voulait pas affronter Nelson Mandela. Face à lui, il se comportait comme « un fils empli de crainte. »(8)
Mandela se plaisait à raconter comment il avait collecté des fonds pour l’ANC auprès de chefs de grandes entreprises. Il précisait qu’il n’aurait « pas quitté leur bureau sans un chèque » et ne manquait pas d’ajouter qu’il n’avait « pas été déçu. »(8)
Nelson Mandela se comportait comme un chef. Il était un meneur d’hommes et affichait une autorité qui semblait naturelle.
Walter Sisulu décrivait Nelson Mandela quand il avait 25 ans : « Je recherchais des gens de calibre pour remplir des postes de leadership et il était un cadeau du ciel. »(1)
James Gregory était surveillant pénitentiaire à Robben Island. Il décrit le prisonnier Nelson Mandela : « Il me paraît plus grand et plus droit que les autres. Tout en lui dit “je suis le vrai patron ici. Tu ne m’intimideras pas...” […] Au milieu de tous les autres, je peux sentir sa force. Une puissance qui irradie au premier regard. Un type qu’on ne met pas à genoux facilement. »(3)
Dès son arrivée à Robben Island, il s’est placé en tête de la file des prisonniers. Il expliquait aux autres détenus : « Impose-toi tout de suite vis-à-vis des gardiens. »(8)
Quatre leaders de l’ANC étaient incarcérés dans le quartier des prisonniers politiques de Robben Island : Walter Sisulu, Govan Mbeki, Raymond Mhlaba et Nelson Mandela. Et pourtant, selon James Gregory « il est flagrant que Mandela est leur chef. Tandis qu’ils marchent, les yeux droit devant ou fixés sur le sol, un à un les hommes viennent à sa hauteur et lui parlent. Il écoute, fait un signe de tête ou répond gravement, discute un peu, puis c’est un autre qui approche... »(3)
Eddie Daniels qui était incarcéré avec Mandela raconte : « C’était ça, la beauté de Nelson. Rien que sa façon de marcher. De se rendre d’un point à un autre. Ça élevait les prisonniers. Ça m’élevait. Le simple fait de le voir marcher avec assurance. »(8)
Même ses ennemis politiques reconnaissaient son autorité et sa stature de chef. En 1981, le ministère de la Justice sud-africain rédigeait un rapport sur le prisonnier Mandela : « Il ne fait pas de doute que Mandela possède toutes les qualités pour être le leader noir numéro un de l’Afrique du Sud. Son séjour en prison n’a fait que renforcer au lieu de diminuer sa position psycho-politique, et il a acquis le charisme-prison caractéristique des grands leaders des mouvements de libération contemporains. »(7)
Coetsee, le ministre de la Justice et des Prisons sous l’apartheid déclarait à propos de Mandela : « C’était un leader né et un homme courtois. Et il était visiblement très apprécié du personnel de l’hôpital et très respecté, malgré le fait qu’il était un prisonnier – ce que tous savaient. Et, à l’évidence, il maîtrisait son environnement. »(1)
Niël Barnard, le directeur du service de renseignement confirmait : « Monsieur Mandela est entré et j’ai tout de suite remarqué que même vêtu d’une salopette de travail et de bottes, une présence et une personnalité imposantes se dégageaient de lui. »(1)
Début 1994, le comité exécutif de l’ANC s’était réuni pour choisir l’hymne sud-africain. Mandela avait dû temporairement quitter la réunion pour s’entretenir au téléphone avec un chef d’État étranger. Pendant son absence, les membres du comité exécutif avaient décidé, à l’unanimité, d’écarter Die Stem, l’hymne des blancs pour choisir Nkosi Sikelele, l’hymne des noirs. À son retour, Mandela prit la parole : « Eh bien, je m’excuse. Je ne veux pas être grossier, mais je crois que je devrais m’exprimer sur cette motion. Je n’aurais pas pensé que les vétérans que vous êtes prendraient une décision d’une telle ampleur sur une question aussi importante sans même attendre le président de leur organisation […] Le chant que vous traitez si cavalièrement renferme les émotions de nombreuses personnes que vous ne représentez pas encore. D’un coup de stylo, vous prendriez la décision de détruire la seule base sur laquelle nous bâtissons la réconciliation ! »(1) Puis Mandela proposa que l’Afrique du Sud adopte deux hymnes nationaux qui seraient joués l’un après l’autre dans toutes les cérémonies. Et finalement, tous les membres du comité exécutif se rangèrent à son avis y compris Jacob Zuma.
Les membres du comité exécutif de l’ANC voulaient changer le nom de l’équipe sud-africaine de rugby, les Springboks. Ce nom était étroitement associé au régime de l’apartheid. Au début, Mandela partageait cette opinion. Mais il s’était ravisé, car il voulait apaiser la droite blanche qui protestait contre ce projet. Le revirement de Mandela déclencha une vive opposition parmi les membres influents de l’ANC. Mandela racontait : « Vous ne l’auriez pas cru ! Des gens tels que Arnold Stofile sont arrivés et m’ont attaqué ! Je les ai donc fait venir un par un pour les mettre au courant et leur expliquer la situation. »(1) Mandela a imposé son point de vue et tous l’ont suivi y compris Stofile.
Morné du Plessis, le manager de l’équipe sud-africaine de rugby qui a remporté la coupe de monde de 1995, se souvient de l’influence de Nelson Mandela : « Je dis cela sans aucun irrespect pour une équipe vraiment mémorable comme celle des All Blacks, mais l’énormité de cet homme que nous avions derrière nous et le pouvoir qui émanait de lui et par son entremise m’ont semblé un peu injustes. »(1)
Mandela est parvenu à réunir les Sud-Africains blancs et noirs autour de l’équipe de rugby lors de la coupe du monde de 1995. « Nous n’aurions pas pu le faire sans lui, vous savez » constatait l’archevêque Desmond Tutu(1).
Gamin, Nelson Mandela avait été berger. Cette expérience lui inspirait une métaphore sur le commandement : « Vous savez, quand vous voulez que votre troupeau aille dans telle direction, il faut vous placer derrière avec un bâton. Ensuite, vous prenez quelques-unes des bêtes parmi les plus intelligentes, et vous les envoyez devant. Le reste du troupeau suivra les plus énergiques placées en tête. Mais c’est bien vous qui dirigerez la manœuvre de l’arrière […] Voilà comment un leader devrait faire son travail. »(8)

Le type de l'ennéagramme de Nelson Mandela

En résumé, Mandela était franc et direct, il avait une grande volonté de contrôle et ne supportait pas les manifestations de faiblesse. Courageux, il détestait la lâcheté et ne supportait pas qu’on lui marche sur les pieds. Il n’hésitait pas à défier l’autorité et tranchait avec une grande fermeté. Il était craint et pouvait parfois recourir à l’intimidation. Enfin, Mandela se comportait comme un chef.
Nelson Mandela était donc type 8. Il recherchait la confrontation et le combat. C’était sa motivation positive permanente. Mandela était un chef et son autorité était manifeste. Il luttait contre l’injustice avec force et détermination.
Il détestait les manifestations de faiblesse. C’était sa motivation négative permanente. Il réprimait avec fermeté les sentiments et les émotions associés à la faiblesse.
Mandela a fait beaucoup pour les autres. Il a sacrifié sa liberté dans le but d’instaurer une démocratie multiraciale en Afrique du Sud. Il avait beaucoup de respect pour les autres et leur culture, y compris pour les Afrikaners.
James Gregory était impressionné par son comportement avec ses enfants : « Une des choses que j’admirerai le plus chez Nelson Mandela, c’est l’attention qu’il accorde à ses enfants, ce souci permanent qu’il a d’eux alors que ses propres conditions de vie sont si dures. »(3) Pendant sa détention, l’ANC lui versait 4000 rands par mois. Mandela les utilisait d’abord pour aider ses enfants et ses petits-enfants.
Il pouvait aussi se montrer protecteur. François Pienaar, le capitaine de l’équipe de rugby d’Afrique du Sud, remarquait : « On avait le sentiment d’être en sécurité avec lui. »(1)

Mandela était-il type 2 ?

Richard Stengel relève que Nelson Mandela « était sensible à ce que ressentaient les autres, mais oubliait souvent ses proches. »(8)
Après le décès de sa mère, alors qu’il était prisonnier à Robben Island, Mandela avait confié : « à partir du moment où on m’a arrêté, j’ai cessé d’être un appui pour elle. En entrant dans cette lutte, je savais que je ne pourrais assumer mon rôle de fils comme je l’aurais voulu. Au moment même où elle commençait à en avoir le plus besoin, à cause de la vieillesse. »(3)
Certes, Mandela voulait aider les autres en général et ses proches en particulier, mais son combat politique demeurait sa priorité absolue. La première préoccupation d’un type 2 est d’aider ses proches dans le besoin. Ce n’était pas le cas de Mandela. Il était prêt à combattre pour instaurer la démocratie en Afrique du Sud même si cela le conduisait à sacrifier sa liberté, sa vie, ses proches et sa famille.

La volonté de justice de Mandela était très forte.

Stengel écrit que Mandela prenait « toujours position pour la cause qu’il [croyait] juste avec un entêtement quasi inflexible. » Il ajoute que « cette intolérance à l’injustice, c’était son aiguillon. »(8)
Mandela a défendu sa conception de la justice au péril de sa vie. Voici ce qu’il avait déclaré à la fin du procès de Rivonia, en 1964, alors qu’il risquait la peine de mort : « J’ai chéri l’idée d’une société démocratique et libre, dans laquelle tout le monde pourrait vivre ensemble en harmonie, et avec des chances égales. C’est un idéal pour lequel je veux vivre, et que j’espère s’accomplir. Mais s’il le faut, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir. »(8)
En fin de compte, sa conception de la justice se résumait en quelques mots : une personne, une voix, c’est-à-dire les mêmes droits pour tous les hommes et toutes les femmes qu’ils soient blancs ou noirs. Mandela a toujours été fidèle à ce principe et a inlassablement œuvré et combattu pour qu’il devienne réalité en Afrique du Sud.
Le régime de l’apartheid ne pouvait pas tolérer l’idéal démocratique de Mandela. Les blancs représentaient moins du cinquième de la population sud-africaine, mais ils dominaient le pays et édictaient les lois.
En voici quelques-unes qui illustraient la nature du régime politique de l’apartheid. La loi sur l’enregistrement de la population classait les individus en quatre catégories : les blancs, les gens de couleur, les indiens et les noirs. La loi sur l’immoralité interdisait les mariages mixtes et les relations sexuelles entre blancs et noirs. Les lois sur le travail prévoyaient qu’un noir ne pouvait rechercher du travail que s’il détenait une autorisation administrative valable 14 jours. La loi sur les commodités publiques distinctes interdisait aux noirs, notamment, de voyager dans le même compartiment que les blancs, d’accéder aux meilleures plages ou aux plus beaux parcs.
Mandela était un jeune homme impatient et fougueux. Voici la description qu’en donnait Oliver Tambo, qui était le chef de l’ANC et son avocat : « En tant qu’homme, Nelson Mandela est passionné, émotif, susceptible, il a tôt fait de répliquer aux insultes et au paternalisme par la rancune et la vengeance. »(8)
En prison, il a été obligé de maîtriser ses réactions pour ne pas subir la violence physique de ses geôliers. Il a orienté sa volonté de contrôle d’abord sur lui-même. Et il faut bien reconnaître qu’il y est magistralement parvenu.
Un individu qui appartient à un type peut développer des comportements caractéristiques des deux types voisins. Ce sont les ailes du type. Ainsi, Nelson Mandela, qui était type 8, aurait pu développer une aile 7, une aile 9 ou les deux.

Qu’en est-il pour l’aile 7 ?

Nelson Mandela parvenait très souvent à séduire ses interlocuteurs. Presque tous étaient conquis. Stengel souligne : « C’est un grand charmeur. Il sait qu’il arrivera à vous plaire, quelque moyen qu’il doive employer. Il est attentionné, courtois, aimable et, pour utiliser un mot qu’il détesterait, séducteur. » En bref, Mandela avait « un charme politique autant que personnel. »(8)
James Gregory, qui était gardien de prison à Robben Island, se souvient : « Pourtant, en passant devant les cellules de Sisulu ou Mandela, j’entends leurs voix, qui me souhaitent calmement le bonsoir ! Cette courtoisie me laisse pantois. »(3)
Nelson Mandela avait visiblement développé une aile 7. Il savait se montrer agréable, sympathique, voire séducteur.
Mais il n’était pas type 7. Si son gant était de velours, sa main de type 8 restait de fer. En effet, Mandela « était soucieux de plaire, mais il n’avait pas peur de dire non. » Certes, « il essayera toujours de vous amener à décider de faire une chose, plutôt que de vous y obliger. Cependant, il vous obligera si nécessaire. »(8) Il tranchait avec fermeté.
Le type 7 fuit l’enfermement et la souffrance : il s’agit de sa motivation négative permanente. Ce n’était pas le cas de Mandela. Il a enduré, pendant presque trois décennies, des conditions de détention terribles à Robben Island, sans jamais faire aucune concession pour s’y soustraire.

Mandela avait-il également développé une aile 9 ?

Lorsqu’il était emprisonné, Nelson Mandela savait faire face et s’opposer aux autorités pénitentiaires. Mais il utilisait aussi la médiation pour parvenir à ses fins et défendre ses camarades prisonniers.
Il était capable de relever les qualités des hommes qu’il a rencontrés même quand ils étaient ses adversaires.
Au sujet du président John Vorster, il déclarait : « C’était un type très honnête. D’abord, il était très poli. Il parlait de nous en termes courtois. »(8) Et pourtant Vorster soutenait le nazisme et avait regretté que Mandela et ses compagnons n’aient pas été condamnés à mort.
Il disait aussi d’un prisonnier qui avait été son rival à Robben Island : « Ce que j’ai retenu de lui, c’est sa capacité à travailler dur. »(8) Au demeurant, cet homme ne cessait d’accuser Mandela à tort et à travers.
Il avait aussi déclaré au sujet de F. W. de Klerk — qu’il détestait par ailleurs — qu’il était un homme « intègre » et « courageux. »(8)
Au décès de l’ancien président sud-africain P. W. Botha, Nelson Mandela a écrit à sa famille : « Bien que pour beaucoup, M. Botha demeurera un symbole de l’apartheid, nous nous souviendrons de lui pour les mesures qu’il a prises en vue de paver la voie à une éventuelle entente négociée pacifiquement dans notre pays. »(1)
Quand Coetsee, une autre figure de l’apartheid, est mort Mandela avait déclaré : « Nous chérirons toujours la mémoire de Kobie Coetsee comme étant l’un des architectes principaux de la transformation vers une Afrique du Sud démocratique. »(1)
Le président Mandela a systématiquement recherché la concorde nationale afin que les noirs et les blancs puissent vivre ensemble en Afrique du Sud. Pour rassembler, il endossé avec maestria le rôle de père de la nation.
Graça Machel, sa troisième épouse, explique : « Nelson porte en lui un sens du pardon, une possibilité de compréhension et d’ouverture particulièrement développés. Si à sa sortie de prison, il avait lancé un autre message, ce pays aurait pu s’embraser… On ne va jamais trop loin quand on essaie d’éviter à son pays une tragédie. »(7)
Mandela a été élevé dans la culture Ubuntu qui a largement influencé son éthique et sa philosophie. Selon Mandela, « Ubuntu ne signifie pas que les gens ne doivent pas s’occuper d’eux-mêmes. La question est donc, est-ce que tu vas faire cela de façon à développer la communauté autour de toi et permettre de l’améliorer ? Ce sont des choses importantes dans la vie. Et si on peut faire cela, tu as fait quelque chose de très important qui sera apprécié. »(9) On peut rapprocher Ubuntu des notions de fraternité, d’ouverture d’esprit, de respect ou encore de volonté de rendre service aux autres et de reconnaître ce qu’il y a de meilleur en eux.
Nelson Mandela n’était pas d’un optimisme béat sur la nature humaine. Mais il défendait que les hommes n’étaient jamais totalement mauvais. Reconnaître leurs qualités ne pouvait que faciliter les relations et poser les bases d’une relation de confiance.
Ce comportement a suscité des incompréhensions et des erreurs d’appréciation. Mandela en avait conscience : « On va avoir l’impression que je vois trop le bien chez les autres […] Mais quoi qu’il en soit, c’est une chose que je crois profitable. »(8)
Certains ont déclaré qu’il était trop conciliant et même faible. Mais aucun n’osait le lui dire en face... C’est que Mandela inspirait le respect et même la crainte. Il était suffisamment fort et confiant pour pouvoir se permettre de reconnaître ouvertement les qualités de ses adversaires.
Mandela a vraisemblablement construit une aile 9. Mais sa volonté de conciliation et de recherche de la paix pouvait aussi s’expliquer par l’influence de la culture Ubuntu.
Cependant, Mandela n’était pas type 9, car il ne fuyait pas les situations de conflit prolongé. Il a été capable de les supporter très longtemps, de les surmonter et, quand la situation l’exigeait, de trancher fermement et sans états d’âme.

Le niveau d’intégration d’un type 8 comme Nelson Mandela peut se mesurer au recours injustifié à la force, à la volonté de justice et à l’aide qu’il apporte aux autres.

En voie de désintégration, le type 8 recourt à la force de façon injustifiée. Il peut devenir violent et même développer des tendances sociopathes ou mégalomanes.
Pour s’imposer, Mandela a usé d’autorité, de force et parfois d’intimidation. Mais il voulait reconstruire un pays uni avec des noirs et des blancs à égalité. Dans sa conquête du pouvoir et ensuite dans son exercice, il n’a jamais été inutilement violent. Il n’a exercé aucune mesure de représailles contre les Sud-Africains blancs, et pourtant, il avait terriblement souffert de l’apartheid.
Nelson Mandela était humble. Il reconnaissait que sa femme Winnie était plus courageuse que lui. Même si elle n’avait pas été longuement emprisonnée, elle avait élevé seule leurs deux filles et subi le régime de l’apartheid au quotidien.
La notion de justice est essentielle pour un type 8. Son comportement direct et combatif exprime fondamentalement une grande volonté de justice. La façon dont le type 8 combat l’injustice révèle son niveau d’intégration. Lorsque le huit est faiblement intégré, sa définition de la justice fluctue. Aussi, il a tendance à être beaucoup plus sensible aux injustices qu’il subit qu’à celles que les autres endurent.
En revanche, quand il a pleinement intégré ses motivations, le huit devient très réceptif aux injustices faites aux autres et la définition qu’il donne de la justice est stable dans la durée. Il utilise sa force pour protéger les autres et leur venir en aide.
Pour Mandela, la justice c’était un homme, une voix qu’il soit blanc ou noir. Il n’a jamais dévié de cet objectif avant, pendant et après son emprisonnement.
Il a systématiquement recherché la concorde pour construire la nouvelle Afrique du Sud démocratique sur des bases solides. Il n’a jamais cherché à se venger des Sud-Africains blancs et pourtant, il aurait eu des raisons de le faire.
Il savait protéger et défendre les plus faibles et notamment ses camarades d’infortune, les prisonniers de Robben Island. En prison, il était le leader des détenus, mais il refusait tout privilège et acceptait les corvées comme les autres.
Le prisonnier Danny était malade et n’avait pas la force pour aller laver son seau : « Il s’est penché, il a pris mon seau, et il est allé le nettoyer aux lavabos. En général, on n’a pas trop envie de nettoyer les cochonneries des autres. Le lendemain matin, Nelson est revenu. Il était le chef de l’organisation la plus importante de la prison. Il aurait pu envoyer n’importe qui pour m’aider. Mais il est venu en personne. »(8)
Mandela a atteint un niveau d’intégration de ses motivations exceptionnellement élevé. Incontestablement, il était un chef et un leader. Et pourtant, il n’avait aucune tendance à la démesure. Il affichait une maîtrise de lui-même exemplaire et consacrait beaucoup d’efforts à aider les autres, tout particulièrement les plus faibles. Aussi, il a toujours été fidèle à sa conception démocratique de la justice.


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Le niveau d’intégration d’un type 8 comme Nelson Mandela peut se mesurer au recours injustifié à la force, à la volonté de justice et à l’aide qu’il apporte aux autres. En voie de désintégration, le type 8 recourt à la force de façon injustifiée. Il peut devenir violent et même développer des tendances sociopathes ou mégalomanes. Pour s’imposer, Mandela a usé d’autorité, de force et parfois d’intimidation. Mais il voulait reconstruire un pays uni avec des noirs et des blancs à égalité. Dans sa conquête du pouvoir et ensuite dans son exercice, il n’a jamais été inutilement violent. Il n’a exercé aucune mesure de représailles contre les Sud-Africains blancs, et pourtant, il avait terriblement souffert de l’apartheid. Nelson Mandela était humble. Il reconnaissait que sa femme Winnie était plus courageuse que lui. Même si elle n’avait pas été longuement emprisonnée, elle avait élevé seule leurs deux filles et subi le régime de l’apartheid au quotidien. La notion de justice est essentielle pour un type 8. Son comportement direct et combatif exprime fondamentalement une grande volonté de justice. La façon dont le type 8 combat l’injustice révèle son niveau d’intégration. Lorsque le huit est faiblement intégré, sa définition de la justice fluctue. Aussi, il a tendance à être beaucoup plus sensible aux injustices qu’il subit qu’à celles que les autres endurent. En revanche, quand il a pleinement intégré ses motivations, le huit devient très réceptif aux injustices faites aux autres et la définition qu’il donne de la justice est stable dans la durée. Il utilise sa force pour protéger les autres et leur venir en aide. Pour Mandela, la justice c’était un homme, une voix qu’il soit blanc ou noir. Il n’a jamais dévié de cet objectif avant, pendant et après son emprisonnement. Il a systématiquement recherché la concorde pour construire la nouvelle Afrique du Sud démocratique sur des bases solides. Il n’a jamais cherché à se venger des Sud-Africains blancs et pourtant, il aurait eu des raisons de le faire. Il savait protéger et défendre les plus faibles et notamment ses camarades d’infortune, les prisonniers de Robben Island. En prison, il était le leader des détenus, mais il refusait tout privilège et acceptait les corvées comme les autres. Le prisonnier Danny était malade et n’avait pas la force pour aller laver son seau : « Il s’est penché, il a pris mon seau, et il est allé le nettoyer aux lavabos. En général, on n’a pas trop envie de nettoyer les cochonneries des autres. Le lendemain matin, Nelson est revenu. Il était le chef de l’organisation la plus importante de la prison. Il aurait pu envoyer n’importe qui pour m’aider. Mais il est venu en personne. »(8) Mandela a atteint un niveau d’intégration de ses motivations exceptionnellement élevé. Incontestablement, il était un chef et un leader. Et pourtant, il n’avait aucune tendance à la démesure. Il affichait une maîtrise de lui-même exemplaire et consacrait beaucoup d’efforts à aider les autres, tout particulièrement les plus faibles. Aussi, il a toujours été fidèle à sa conception démocratique de la justice.