mercredi 13 mars 2019

Les intelligences multiples ou l’évaluation des capacités : Découvrez vos motivations et révélez votre talent !

Chapitre 1er : les intelligences multiples ou l’évaluation des capacités

Qu’est-ce que l’intelligence ?

Nous associons généralement intelligence et QI. Nous avons tendance à évaluer l’intelligence d’une personne d’après les résultats qu’elle a obtenus aux tests de QI.
Les tests de QI ont une histoire. Elle débute en France au début du XXe siècle. Une vingtaine d’années après l’adoption de la loi de 1882 sur l’enseignement obligatoire, le ministère de l’Instruction publique a recouru aux services du psychologue Alfred Binet. La mission de Binet consistait à élaborer une méthode pour évaluer les chances de réussite scolaire des enfants. Binet a mis au point les premiers tests psychométriques. C’est l’acte de naissance des tests de QI et de l’intelligence quantifiable. Cette méthode d’évaluation a ensuite été reprise et perfectionnée aux États-Unis. Elle s’est largement diffusée depuis.
Les tests de QI prétendent mesurer une intelligence générale. Le QI se fonde sur une conception unitaire de l’intelligence. La magie du chiffre est à l’œuvre : votre intelligence vaut le résultat que vous obtenez au test. C’est clair, simple et impeccablement hiérarchisé.
Certes, mais des individus affichent un QI élevé et ne font pas grand-chose de leur vie alors que d’autres, qui ont un QI bien inférieur, atteignent l’excellence dans un domaine. Et ce cas de figure est loin d’être exceptionnel.
La théorie des intelligences multiples remet en cause la pertinence des tests de QI. Howard Gardner est le père de la théorie des intelligences multiples. Il est psychologue, neurologue et professeur à Harvard.
La théorie des intelligences multiples élargit le champ de l’intelligence. C’est une théorie intuitive, facile à utiliser, qui donne des résultats tout à fait intéressants et facilement exploitables.
Dans son ouvrage, Les intelligences multiples, Gardner définit l’intelligence comme « la capacité à résoudre des problèmes ou à produire des biens ayant une valeur dans un contexte culturel ou collectif précis. » Il ajoute que « la compétence à résoudre des problèmes permet d’aborder une situation dans laquelle un but doit être atteint, et de déterminer le chemin approprié pour y parvenir. » Par ailleurs, Gardner ne prend en compte que les intelligences « qui sont universelles et valent pour toute l’espèce humaine. » Enfin, il « considère les intelligences comme des potentiels biologiques bruts. »
À partir de cette définition très générale, Gardner dénombre huit intelligences et demie : l’intelligence logico-mathématique, l’intelligence verbale et linguistique, l’intelligence visuelle et spatiale, l’intelligence interpersonnelle, l’intelligence intrapersonnelle, l’intelligence kinesthésique et corporelle, l’intelligence musicale et rythmique, l’intelligence naturaliste et l’intelligence existentielle.
Il considère que l’intelligence existentielle ne remplit pas toutes les conditions pour être qualifiée d’intelligence à part entière. C’est pourquoi il la reconnaît comme une demi-intelligence.

Les huit intelligences et demie

– L’intelligence logico-mathématique

L’intelligence logico-mathématique est la capacité d’un individu à élaborer un raisonnement logique, à calculer et à quantifier.
Les mathématiciens, les statisticiens, les quants (les analystes quantitatifs de produits financiers), les économètres-statisticiens et les analystes financiers, notamment, utilisent largement cette intelligence.
Un individu qui a un niveau élevé d’intelligence logico-mathématique résout un problème en posant des équations, aime quantifier, peut évaluer un ordre de grandeur facilement et cherche à expliquer les choses de façon logique.

– L’intelligence verbale et linguistique

L’intelligence verbale et linguistique est la capacité d’un individu à utiliser les mots et le langage de différentes manières.
Les écrivains, les journalistes, les poètes, par exemple, utilisent d’abord leur intelligence verbale et linguistique.
Ceux qui ont un niveau élevé d’intelligence verbale et linguistique aiment lire et écrire, s’expriment avec aisance à l’écrit ou à l’oral, aiment les jeux de mots, les jeux avec des mots (mots croisés, mots fléchés…)
Le système scolaire, jusqu’aux grandes écoles, valorise prioritairement les intelligences logico-mathématique, verbale et linguistique.

– L’intelligence visuelle et spatiale

L’intelligence visuelle et spatiale est la capacité à visualiser mentalement des objets et plus généralement à créer et manipuler des images mentales.
Les architectes, les photographes, les peintres, les sculpteurs, les chefs militaires, entre autres, utilisent l’intelligence visuelle et spatiale.
Ceux qui affichent un haut niveau d’intelligence visuelle et spatiale comprennent et expliquent avec des croquis, des graphiques, des cartes ou des images, ont un sens développé de l’orientation et souvent, aiment jouer aux échecs, aux dames ou avec des puzzles par exemple.
Les tests de QI évaluent d’abord l’intelligence logico-mathématique en proposant, par exemple, des exercices de suites logiques de nombres. Souvent, ils tentent de mesurer l’intelligence verbale et linguistique à partir, notamment, de définitions de mots. Parfois, ils évaluent l’intelligence visuelle et spatiale en utilisant des représentations de figures en trois dimensions.
Les tests de QI proposent donc d’évaluer, au mieux, trois intelligences. De surcroît, ils évaluent très sommairement l’intelligence verbale et linguistique. Quand ils le font. Comment peuvent-ils évaluer le style et la qualité littéraire d’un individu ?
Les intelligences multiples que nous allons décrire maintenant ne sont pas évaluées par les tests de QI. Et pourtant, elles ont permis à des femmes et des hommes de réaliser de grandes choses.

– L’intelligence interpersonnelle

L’intelligence interpersonnelle est la capacité d’un individu à comprendre les autres — leurs émotions et leurs motivations entre autres — et à entrer en relation avec eux.
Les vendeurs, les enseignants, les formateurs, les travailleurs sociaux ou les managers efficaces, par exemple, s’appuient sur leur intelligence interpersonnelle.
Ceux qui décryptent facilement les émotions de leurs interlocuteurs, définissent aisément leurs opinions et leurs croyances, font spontanément le premier pas pour rencontrer des inconnus, s’adaptent facilement aux autres, aiment travailler en groupe ou communiquent avec aisance ont un niveau élevé d’intelligence interpersonnelle.

– L’intelligence intrapersonnelle

L’intelligence intrapersonnelle est la capacité à se connaître soi-même, à comprendre sa façon de fonctionner, à analyser ses forces et ses faiblesses, ses capacités ou ses aptitudes.
Les entrepreneurs, les psychologues, les philosophes de l’introspection, les chercheurs du chemin intérieur, que leur démarche soit spirituelle ou non, utilisent leur intelligence intrapersonnelle.
Ceux qui savent se fixer des objectifs réalistes, s’y tenir et les atteindre, qui préfèrent travailler seuls en élaborant efficacement leur propre méthode et qui connaissent bien les autres en s’appuyant sur leur propre connaissance d’eux-mêmes ont une intelligence intrapersonnelle élevée.

– L’intelligence kinesthésique et corporelle


L’intelligence kinesthésique et corporelle est la capacité à utiliser son corps de façon maîtrisée, subtile et élaborée.
Les danseurs, les mimes, les acteurs, les comédiens, les sportifs et les chirurgiens, notamment, mobilisent leur intelligence kinesthésique et corporelle.
Ceux qui se meuvent de façon harmonieuse et coordonnée, qui sont habiles avec leurs mains, qui manipulent des objets avec dextérité et qui montrent des qualités sportives avérées ont un niveau élevé d’intelligence kinesthésique et corporelle.

– L’intelligence musicale et rythmique

L’intelligence musicale et rythmique est la capacité à être sensible aux sons, aux rythmes, aux tonalités et aux mélodies.
Les musiciens, les chefs d’orchestre, les compositeurs, les ingénieurs du son, les accordeurs, mais aussi les poètes utilisent cette intelligence.
Ceux qui chantent juste, qui battent du pied et tapent des mains en rythme, qui reproduisent et inventent des airs et des mélodies ont un niveau élevé d’intelligence musicale et rythmique.

– L’intelligence naturaliste

L’intelligence naturaliste est la capacité à être sensible et à comprendre la nature, le monde vivant, à reconnaître les espèces de la faune et de la flore.
Elle est aussi la capacité à catégoriser et à classifier les objets et les structures naturels ou artificiels. Cette capacité s’applique également aux individus ou aux groupes sociaux.
Les biologistes, les botanistes, les naturalistes, les anatomistes, mais aussi les documentalistes, les sociologues et les juristes utilisent l’intelligence naturaliste.
Ceux qui aiment comprendre, utiliser et créer des classifications et des catégories ont un niveau élevé d’intelligence naturaliste. Le tableau périodique des éléments, la théorie des intelligences multiples ou encore l’ennéagramme sont des classifications qui relèvent de l’intelligence naturaliste.

– L’intelligence existentielle

L’intelligence existentielle est la capacité à réfléchir sur la finalité de l’existence : le sens de la vie, de la mort ou le destin de l’humanité par exemple. Gardner ne considère pas l’intelligence existentielle comme une intelligence à part entière. Elle serait, selon lui, une demi-intelligence.
Les théologiens, les prêtres et les pasteurs s’appuient sur cette intelligence. Mais ils ne sont pas les seuls puisque les philosophes, certains écrivains ou artistes l’utilisent aussi. Les religieux et les religions n’ont pas le monopole du questionnement sur la finalité de la vie.
Les métiers mentionnés, à titre d’illustration, pour chacune des intelligences multiples ne constituent pas une liste exhaustive. En effet, tout métier fait appel à une ou, dans la plupart des cas, à plusieurs intelligences.

L’évaluation de vos intelligences

Un individu disposerait de deux à quatre intelligences à un niveau au moins élevé. Jusqu’à présent, je n’en ai rencontré aucun qui en aurait une seule ou cinq à un haut niveau. Bien entendu, la possibilité n’est pas à exclure.
Vous pouvez évaluer vos intelligences à partir de questionnaires ou de tests. Le nombre de réponses positives à chaque question se rapportant à l’intelligence évaluée vous donnera votre niveau pour cette intelligence. Cependant, les questionnaires ne sont pas un instrument de mesure idéal. En particulier, l’intelligence naturaliste est souvent très partiellement évaluée, car les questions portent rarement sur les capacités de classification et de catégorisation.
Plutôt que de multiplier les questionnaires et les tests, je vous invite à lire attentivement la description de chaque intelligence. À partir de cette description, vous pourrez faire, d’après votre expérience, votre propre évaluation pour chaque intelligence.
Par exemple, si vous aimez lire, rechercher la définition et l’étymologie des mots, écrire vos pensées et réflexions, vous exprimer à l’oral en utilisant un vocabulaire riche, votre niveau d’intelligence verbale et linguistique est a minima élevé. Si, de surcroît, ceux qui vous lisent ou vous écoutent estiment que vous vous exprimez particulièrement bien, alors votre niveau verbal et linguistique pourrait être très élevé et peut-être même exceptionnel.
Et si pour une intelligence l’expérience vous fait défaut, lancez-vous dans l’action ! Ainsi, lorsque vous n’êtes pas en mesure d’évaluer votre intelligence kinesthésique et corporelle, vous pouvez pratiquer un sport, une activité qui exige une grande habileté manuelle ou même tenter le mime. Grâce à l’expérience acquise, vous serez capable de l’évaluer.
Le plus souvent, vous n’aurez pas de difficultés à évaluer le niveau général de chacune de vos intelligences entre très faible, faible, moyen, élevé et très élevé. En revanche, la distinction entre un niveau très élevé et exceptionnel suscite parfois des interrogations.

L’utilisation des intelligences multiples

Les intelligences multiples peuvent être mises en œuvre, notamment, dans l’enseignement, la connaissance de soi et le domaine professionnel.
Elles sont utilisées dans l’enseignement, généralement sous la forme d’ateliers. L’objectif est de permettre aux élèves d’apprendre mieux grâce à leurs intelligences multiples.
Les intelligences multiples sont également un outil de connaissance de soi facile à utiliser et efficace pour les enfants, les adolescents et les adultes. En évaluant votre niveau pour chaque intelligence multiple, vous connaîtrez vos points forts et vos points faibles. Cela vous permettra, entre autres, d’éviter des erreurs d’orientation ou de reconversion.
Les intelligences multiples peuvent aussi être mises en œuvre dans le monde du travail.
On peut définir un emploi à partir des compétences qu’il requiert et rechercher le candidat qui dispose desdites compétences. C’est une méthode éprouvée qui, généralement, donne des résultats satisfaisants.
Mais on pourrait aussi repenser un poste en considérant les intelligences multiples qu’il nécessite.
L’individu qui a un niveau élevé dans les intelligences multiples requises par le poste sera, à terme, plus adaptable et plus performant que celui qui dispose des compétences, mais avec un niveau plus faible dans lesdites intelligences.
De plus, il sera souvent plus heureux et plus détendu parce qu’il est plus facile de s’épanouir dans la fluidité que dans l’effort soutenu d’adaptation.
Bien entendu, les démarches compétences/intelligences multiples sont complémentaires et non pas exclusives l’une de l’autre.

Une application professionnelle des intelligences multiples

Considérons un cas pratique et tentons de définir ce qu’est un excellent juriste.
On peut avancer qu’un juriste est excellent parce qu’il a déjà fait la preuve de son excellence dans le passé. C’est la logique des compétences.
Mais lorsqu’on se demande si une personne pourrait devenir un excellent juriste, les intelligences multiples ont toute leur utilité.
Quelles intelligences multiples un juriste utilise-t-il prioritairement ?
L’intelligence verbale et linguistique s’impose aisément. Un juriste doit bien s’exprimer à l’écrit, à l’oral ou à l’écrit et à l’oral. La distinction entre écrit et oral n’est pas de pure forme, car l’intelligence verbale et linguistique n’est pas monolithique. Certains excellent à l’écrit, mais ont plus de difficultés à l’oral. Pour d’autres, c’est l’inverse qui est vrai. Enfin, il y a ceux qui sont très bons à l’écrit comme à l’oral. Selon les exigences du poste, le juriste devra plutôt s’exprimer oralement, plaider ou rédiger.
L’intelligence logico-mathématique retient l’attention. La capacité d’un juriste à quantifier et à poser des équations n’apparaît pas fondamentale. Certains juristes excellent dans leur discipline sans avoir un bon niveau en mathématiques ; le cas n’a rien d’exceptionnel…
Une aisance avec les chiffres est requise dans des spécialités comme la fiscalité par exemple. Mais ici, le juriste n’a pas besoin d’être un mathématicien ou un statisticien confirmé.
En revanche, la capacité à élaborer un raisonnement logique est très importante en droit. Elle participe largement à emporter la conviction des partenaires, du juge ou de l’arbitre.
Intéressons-nous maintenant à l’intelligence naturaliste. Convoquer l’intelligence naturaliste en droit peut prêter à sourire. En effet, quel rapport entre un naturaliste et un juriste ? Si l’intelligence naturaliste est la capacité à comprendre la nature, elle est aussi, et surtout, la capacité à catégoriser et à classifier.
Et que fait un juriste ? D’abord, il recherche des informations. Ensuite, il les classe et les regroupe. Enfin, il doit connaître et comprendre les catégories juridiques. Il doit savoir qualifier les faits, c’est-à-dire les rapprocher des catégories juridiques.
Ainsi, le métier de juriste consiste à connaître, comprendre, utiliser, manipuler et, le cas échéant, créer des catégories juridiques. Ce sont là des compétences qui, pour être valorisées au plus haut niveau, exigent une grande intelligence naturaliste. Souvent, le juriste d’exception est un naturaliste qui s’ignore...
Un excellent juriste doit donc disposer d’une grande intelligence naturaliste et d’un niveau élevé d’intelligence verbale et linguistique. Pour cette dernière, il n’est pas nécessaire d’avoir le niveau d’excellence d’un grand écrivain, par exemple.
Quid de l’intelligence logico-mathématique ? L’intelligence naturaliste et l’intelligence logico-mathématique ne sont pas indépendantes. Cela signifie qu’un individu qui a une haute intelligence naturaliste affichera a minima un niveau assez élevé — et suffisant dans notre cas — d’intelligence logico-mathématique.
Bien entendu, le juriste utilise d’autres intelligences. Par exemple, un avocat pénaliste doit comprendre les jurés et les juges. Celui qui « ressent » les jurés d’assises et ne se trompe que rarement a un niveau élevé voire très élevé d’intelligence interpersonnelle. Par ailleurs, un haut niveau d’intelligence interpersonnelle peut favoriser l’entregent et la carrière.


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L’utilisation des intelligences multiples Les intelligences multiples peuvent être mises en œuvre, notamment, dans l’enseignement, la connaissance de soi et le domaine professionnel. Elles sont utilisées dans l’enseignement, généralement sous la forme d’ateliers. L’objectif est de permettre aux élèves d’apprendre mieux grâce à leurs intelligences multiples. Les intelligences multiples sont également un outil de connaissance de soi facile à utiliser et efficace pour les enfants, les adolescents et les adultes. En évaluant votre niveau pour chaque intelligence multiple, vous connaîtrez vos points forts et vos points faibles. Cela vous permettra, entre autres, d’éviter des erreurs d’orientation ou de reconversion. Les intelligences multiples peuvent aussi être mises en œuvre dans le monde du travail. On peut définir un emploi à partir des compétences qu’il requiert et rechercher le candidat qui dispose desdites compétences. C’est une méthode éprouvée qui, généralement, donne des résultats satisfaisants. Mais on pourrait aussi repenser un poste en considérant les intelligences multiples qu’il nécessite. L’individu qui a un niveau élevé dans les intelligences multiples requises par le poste sera, à terme, plus adaptable et plus performant que celui qui dispose des compétences, mais avec un niveau plus faible dans lesdites intelligences. De plus, il sera souvent plus heureux et plus détendu parce qu’il est plus facile de s’épanouir dans la fluidité que dans l’effort soutenu d’adaptation. Bien entendu, les démarches compétences/intelligences multiples sont complémentaires et non pas exclusives l’une de l’autre.