mercredi 13 mars 2019

Le talent ou la recherche du domaine d’excellence : Découvrez vos motivations et révélez votre talent !

Chapitre 2 : le talent ou la recherche du domaine d’excellence

Qu’est-ce que le talent ?

Je considère les expressions talent et domaine d’excellence comme synonymes.
Le talent est une capacité dont un individu dispose à un niveau exceptionnellement élevé.
Aujourd’hui, le talent est à la mode. Et comme tous les termes à la mode, il recouvre des réalités très différentes. Selon les auteurs et le contexte, il peut désigner les compétences, l’intelligence ou parfois l’excellence dans un domaine. Ce dont il est question ici est le talent en tant que capacité exceptionnelle dont dispose un individu.
Je défends que tout individu a un talent. Et cette capacité d’excellence s’applique dans un domaine déterminé : le champ d’application du talent.
Trouver son talent consiste à définir cette capacité d’excellence et déterminer précisément son champ d’application.
Utiliser son talent consiste à acquérir, développer et mettre en œuvre des compétences qui s’inscrivent dans son champ d’application.

De la difficulté de découvrir son talent

Il est difficile de découvrir son talent. Rares sont ceux qui y parviennent rapidement. Il y a trois raisons principales à cela.
L’incrédulité est le premier obstacle. « Si chacun d’entre nous avait un talent ça se saurait ! » ou encore « Certains ont peut-être un talent, mais pas moi ! » entend-on parfois. Évidemment, quand on est convaincu de ne pas avoir de talent, on ne consacre pas beaucoup d’efforts à le rechercher et l’on a peu de chance de le découvrir...
La fluidité est également un sérieux obstacle. Le talent se manifeste par l’excellence opérationnelle. Le talent coule de source. Il est la ligne de moindre résistance dans l’exercice d’une activité. Ainsi, lorsque nous utilisons notre talent, nos actions sont fluides et nous atteignons l’excellence opérationnelle, le plus souvent sans nous en rendre compte... Nous sommes généralement beaucoup plus conscients des difficultés et des obstacles que de l’aisance et de la facilité. « Si c’était si facile, c’est qu’il n’y avait pas de difficultés » : fin de l’introspection ! Certes, mais ça pouvait aussi être très facile parce que l’individu opérait dans le champ d’application de son talent et, dans la même situation, beaucoup d’autres auraient connu de sérieuses difficultés.
Le troisième obstacle est le champ d’application du talent. Nous n’atteignons pas l’excellence dans tout ce que nous faisons. C’est une évidence ! Le plus souvent, le champ d’application de notre talent est assez étroit. La plupart de nos activités personnelles et professionnelles sont en dehors du champ d’application de notre talent. Il faut donc être patient et multiplier les expériences pour définir précisément le champ d’application de notre talent. C’est une démarche empirique, qui exige du temps et dont on ne peut généralement pas faire l’économie.

Le talent et les compétences

Talent et compétences sont deux notions distinctes.
Les compétences peuvent être définies comme l’ensemble des savoirs, acquis grâce à la formation et l’expérience, qui permettent d’exercer une activité personnelle ou professionnelle.
Le talent décrit les capacités d’excellence, dont dispose un individu, dans un domaine déterminé. Le domaine d’excellence ne se limite pas à une activité précise comme l’exercice d’une profession juridique par exemple.
Talent et compétences ne se confondent pas. Mais le talent d’un individu lui permet d’acquérir et de mettre en œuvre certaines compétences avec une grande facilité. Ainsi, il peut atteindre l’excellence dans les activités qui se situent dans le champ d’application de son talent.

Les intelligences multiples révèlent-elles le talent ?

Ou encore, peut-on définir le domaine d’excellence d’un individu à partir de ses intelligences multiples ?
Le talent est la capacité exceptionnellement élevée, dont dispose un individu, pour acquérir, développer et mettre en œuvre des compétences dans un domaine déterminé. Le domaine d’excellence est le champ d’application du talent.
Parfois, un individu affiche un niveau exceptionnellement élevé pour l’une des intelligences multiples. Pour Gardner, il s’agit d’une « personnalité exceptionnelle. » Dans ce cas, le champ d’application de son talent correspond à cette intelligence.
Pour illustrer mon propos, je vous propose d’étudier deux exemples de célébrités : Wolfgang Amadeus Mozart et Charles de Gaulle.
Mozart était à la fois un musicien et un compositeur extraordinaire, et ce dès son plus jeune âge. Il est aisé de constater le niveau exceptionnellement élevé de son intelligence musicale et rythmique à partir de son œuvre. Le champ d’application de son talent coïncidait avec celui de l’intelligence musicale et rythmique.
Il est difficile de décrire Charles de Gaulle en quelques lignes. Son parcours exceptionnel justifierait assurément de plus amples développements. Je vais tout de même tenter de relever le défi en me limitant strictement à ses intelligences multiples et à son talent. Je précise que les citations qui suivent sont extraites des entretiens de son fils Philippe de Gaulle avec Michel Tauriac(2).
Charles de Gaulle aimait lire et écrire, des activités qu’ils préféraient à la musique. Si ses Mémoires sont passées à la postérité, il a aussi écrit des ouvrages de stratégie militaire comme Le Fil de l’épée et Vers l’armée de métier. Bon orateur, même s’il n’aimait pas particulièrement sa voix, de Gaulle a laissé des expressions qui sont restées dans nos mémoires : la « chienlit », « l’Algérie de papa », le « quarteron de généraux en retraite », « les soldats perdus » ou encore « Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé, mais Paris libéré ! » Il avait aussi une excellente mémoire des textes : il mémorisait ses discours avec une grande facilité et connaissait parfaitement la messe en latin par exemple. Assurément, Charles de Gaulle avait un niveau d’intelligence verbale et linguistique très élevé.
Il excellait aux dames et aux échecs parce qu’il visualisait le jeu « comme des positions de deux armées sur un champ de bataille » disait-il. Il était très attentif à la topographie des terrains qui lui inspirait presque toujours des réflexions militaires tactiques ou stratégiques. Il avait également une excellente mémoire visuelle qu’il utilisait en jouant aux cartes par exemple. Charles de Gaulle avait une intelligence visuelle et spatiale très élevée.
De Gaulle aimait la nature. Il aimait se promener en forêt, à un rythme soutenu même à un âge avancé. Aussi, il connaissait les noms des arbres et pouvait évaluer leur âge par exemple. Son intelligence naturaliste affichait un niveau élevé.
Charles de Gaulle était un grand patriote — le plus grand des français peut-être — et aussi un catholique pratiquant. Son catholicisme ne le conduisait pas à l’étroitesse d’esprit, mais à des réflexions ouvertes sur le sens de la vie et de la mort. Ainsi, il avait déclaré : « Le chrétien a toujours la mort présente dans son existence à partir du moment où il est né. » Ou encore « Pour un chrétien, la mort est l’accomplissement final de l’homme. Un triomphe. C’est pour cela qu’il ne faut pas en avoir peur. » Toutefois, il n’était pas question que la religion prenne le pas sur l’État : « Pas de subordination de l’État par aucune autorité religieuse » affirmait-il ! L’intelligence existentielle élevée de Charles de Gaulle me semble incontestable.
Charles de Gaulle était un grand stratège. Il était un penseur de la stratégie comme le révèlent ses écrits, notamment, Le Fil de l’épée et Vers l’armée de métier. Il était aussi un homme d’action exceptionnel doté d’une vision à long terme.
Son talent de stratège ne s’expliquait pas uniquement par ses intelligences multiples fortes et notamment son intelligence visuelle et spatiale.
Un niveau élevé d’intelligence visuelle et spatiale est une condition nécessaire pour devenir un grand stratège. Mais ce n’est pas une condition suffisante. Bien entendu, un stratège doit être capable de visualiser la situation, c’est-à-dire d’en avoir une vision mentale précise et dynamique.
Mais il doit aussi savoir prévoir, anticiper et déclencher l’action au moment opportun. Et cela n’est pas dans le champ de l’intelligence visuelle et spatiale. Pas plus d’ailleurs que la force morale qui permet au stratège de tenir bon même dans des situations très difficiles. De Gaulle disposait d’une force morale élevée même si certains ont beaucoup insisté sur ses doutes et ses passages mélancoliques. Mais ses doutes ne l’ont pas empêché de passer à l’action et ses épisodes mélancoliques ne s’éternisaient pas.
En bref, un niveau exceptionnellement élevé dans une intelligence multiple peut révéler le talent. Dans ce cas, Mozart par exemple, l’intelligence multiple et le talent se confondent. Mais souvent, les talents, comme le talent de stratège du général de Gaulle, ne sont pas réductibles à une intelligence multiple.

Quelques pistes de talents

Le talent peut correspondre à un niveau exceptionnel dans l’une des neuf intelligences multiples. Ici, nous ne retenons pas de demi-talent existentiel. Une moitié d’excellence n’a pas de sens !
Il y a donc le talent logico-mathématique, le talent verbal et linguistique, le talent visuel et spatial, le talent interpersonnel, le talent intrapersonnel, le talent kinesthésique et corporel, le talent musical et rythmique, le talent naturaliste et le talent existentiel.
Il existe d’autres talents : le charisme, l’attention ou la concentration, le talent oratoire, le talent d’acteur ou de comédien, le talent humoristique, le talent de motivation, le talent de négociation, la force morale ou encore le talent stratégique. Cette liste n’est pas exhaustive.
Il existe un lien entre ces talents et les intelligences multiples. Mobiliser un talent c’est aussi utiliser une ou plusieurs intelligences multiples. Toutefois, les intelligences multiples ne permettent pas, à elles seules, d’expliquer ces domaines d’excellence. Cela signifie qu’un individu peut avoir un niveau élevé dans lesdites intelligences multiples sans pour autant disposer de ce talent.
Venons-en maintenant à la description de ces talents.

– Le charisme

Le charisme ou magnétisme est la capacité à capter l’attention par sa seule présence. Le talent charismatique opère sans mise en scène. L’individu charismatique attire irrésistiblement l’attention des autres par sa seule présence.
Marilyn Monroe avait ce talent. Le charisme est un talent qui saute aux yeux… de ceux qui sont subjugués par la personne charismatique. En revanche, le porteur du talent charismatique n’en a pas toujours conscience, aussi surprenant que cela puisse paraître.
Le talent est la capacité à acquérir et mettre en œuvre des compétences à un niveau exceptionnel. Il exige donc un investissement personnel pour développer des compétences.
Mais il faut bien reconnaître que le talent charismatique est celui qui exige le moins d’efforts pour se révéler. L’individu charismatique peut certes magnifier son talent par de subtiles mises en scène. Mais, dans la plupart des cas, il lui suffit de choisir le lieu et le moment où il souhaite opérer.
On serait tenté de rapprocher le charisme de l’intelligence interpersonnelle. Et pourtant, certains ont une intelligence interpersonnelle très élevée et ne sont pas charismatiques. D’autres sont charismatiques avec une intelligence interpersonnelle moyenne.

– La capacité de concentration

Une capacité de concentration exceptionnelle révèle un talent. La capacité à fixer toute son attention sur une tâche ou un objectif est rare.
Comme toute capacité, la concentration s’améliore grâce à l’exercice. Mais certains pratiquent la méditation et des exercices de concentration depuis des années et pourtant, leur attention s’échappe et vagabonde en moins de dix minutes. D’autres, peu nombreux certes, peuvent focaliser leur attention pendant des heures en faisant abstraction de tout le reste sans entraînement spécifique.
Le talent de concentration favorise des réussites exceptionnelles. Mais il peut aussi conduire à des échecs retentissants. Quand on est exclusivement fixé sur un objectif, on oublie le reste. Et parfois, le reste peut s’avérer très important et même vital…
Steve Jobs disposait de ce talent : il avait une capacité exceptionnelle à concentrer toute son énergie sur un sujet en faisant abstraction de tout le reste.
Il existe un lien entre le talent de concentration et l’intelligence intrapersonnelle. Cependant, si un niveau très élevé d’intelligence intrapersonnelle assure une très bonne connaissance de soi, il ne garantit pas un niveau de concentration exceptionnel.

– Le talent oratoire

Les grands orateurs ont un talent oratoire…
Une grande intelligence verbale et linguistique peut favoriser un talent oratoire.
Ainsi, Winston Churchill avait une intelligence verbale et linguistique très élevée. Il a été journaliste, écrivain, historien et il a reçu le prix Nobel de littérature en 1953. Il a laissé des expressions qui ont marqué l’histoire comme « la bataille d’Angleterre », « le rideau de fer » ou encore « la bataille de l’Atlantique. »
Si Churchill a été un grand homme politique du XXe siècle, il le doit aussi à ses discours extraordinaires. Le plus célèbre d’entre eux est sans doute celui qu’il a prononcé devant la Chambre des communes quelques jours après avoir été nommé Premier ministre : « Je n’ai rien d’autre à offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur... »
Churchill était un orateur d’exception. Il a su galvaniser les Anglais et créer une ferveur patriotique dont il a bénéficié pendant toute la Seconde Guerre mondiale.
Mais force est de constater que de grands écrivains ne brillent pas à l’oral et que des orateurs pourtant talentueux ont un pauvre niveau verbal et linguistique.
Adolf Hitler savait extraordinairement bien s’adresser aux foules. Il s’exprimait avec des mots simples et atteignait son auditoire en utilisant le registre émotionnel.
De très nombreux témoins ont constaté l’effet hypnotique de ses discours. Ainsi, parmi tant d’autres, l’homme d’affaires Kurt Lüdecke témoignait : « Mes facultés critiques ont été balayées. Il tenait les masses, et moi avec elles, sous une influence hypnotique par la simple force de sa conviction [...] J’ai ressenti une exaltation qui ne pouvait s’apparenter qu’à une conversion religieuse. »(4)
Mais ce n’est certainement pas avec la pertinence de ses analyses et la hauteur de ses idées qu’Hitler parvenait à captiver les foules. Même Baldur von Schirach, le chef des jeunesses hitlériennes, le constatait : « Je me suis souvent demandé comment il a été possible d’appâter un peuple civilisé avec une ration d’idées aussi maigres. »(4)
Ce ne sont pas non plus ses capacités littéraires qui l’ont aidé. Mein Kampf a été repris par cinq correcteurs au minimum. Et pourtant, la qualité littéraire de l’ouvrage est encore très faible, en plus de l’idéologie ordurière qu’il véhicule.
Hermann Rauschning, le président du Sénat de Dantzig, avait interrogé Adolf Hitler sur ses capacités oratoires : « Il devinait avec une intuition infaillible, me dit-il, les sentiments de la foule, ce qu’on pouvait lui demander et ce qu’il était dangereux de lui dire. C’était là, assurait-il, un don qu’on avait ou qu’on n’avait pas. Il l’avait de naissance, à un tel degré que personne ne pouvait lui en remontrer. »(4)
Le talent oratoire d’Hitler reposait sur une très forte capacité à comprendre les foules, une forme d’intelligence interpersonnelle appliquée aux foules.
Plusieurs intelligences entrent en jeu dans le talent oratoire.
L’orateur peut mobiliser son intelligence verbale et linguistique ou son intelligence interpersonnelle comme nous l’avons vu respectivement avec Churchill et Hitler.
Il peut également utiliser l’intelligence kinesthésique et corporelle : l’orateur est parfois un bon comédien.
Enfin, l’intelligence musicale et rythmique renforce les effets d’un discours. Von Schirach l’avait remarqué dans les discours d’Hitler : « La même progression du pianissimo au fortissimo et au furioso se répétait dans le déroulement du discours [...] et au bout d’une heure et demie — c’était la durée habituelle des discours d’Hitler — il avait amené les auditeurs si loin que chaque phrase leur arrachait des applaudissements. »(4)
Toutefois, les intelligences multiples n’expliquent pas, à elles seules, le talent oratoire. Un individu peut disposer d’une intelligence verbale et linguistique très élevée, d’une intelligence kinesthésique et corporelle très élevée ou encore d’une intelligence musicale et rythmique très élevée sans être un grand orateur.

– Le talent d’acteur ou de comédien

La capacité exceptionnelle à incarner un personnage est un talent. C’est le talent d’acteur ou de comédien.
Gérard Depardieu, par exemple, dispose de ce talent.
Le talent d’acteur ou de comédien est la capacité exceptionnelle à acquérir, développer et mettre en œuvre des compétences pour incarner un personnage. Il doit être mobilisé pour s’exprimer.
Il y a plusieurs manières d’être un grand acteur ou un grand comédien : en utilisant l’intelligence interpersonnelle, intrapersonnelle, kinesthésique et corporelle ou verbale et linguistique.
Mais ces intelligences n’expliquent pas, à elles seules, le talent d’acteur ou de comédien.

– Le talent humoristique

Et l’humour ? L’humour est fait pour être drôle... Certes, mais l’humour a des effets très puissants. Il améliore spectaculairement notre bien-être, il peut changer l’ambiance d’une réunion pesante en quelques instants, il fait diversion à merveille, il enrichit les humoristes populaires et celui qui a le sens de l’humour est immédiatement perçu comme agréable et intelligent.
Et pourtant, on reconnaît beaucoup plus facilement le talent d’un grand stratège que celui d’un grand humoriste. Ceux qui ont, comme Woody Allen, une capacité exceptionnelle à être drôle sont, en quelque sorte, les laissés-pour-compte du talent. À tort ! L’humour est une capacité exceptionnelle à mobiliser des compétences dans un champ d’application déterminé.
L’humour peut reposer sur les mots : les expressions et répliques drolatiques par exemple. Ainsi, Woody Allen est un spécialiste des bons mots. C’est alors l’intelligence verbale et linguistique qui est prioritairement mobilisée.
Mais les gestes, les mimiques et plus généralement la capacité à jouer un personnage peuvent être humoristiques. Dans ce cas, ce sont les intelligences kinesthésique et corporelle, interpersonnelle et intrapersonnelle qui sont utilisées. Le personnage de Nebbish, l’intellectuel névrosé, peureux et loser qu’incarne Woody Allen dans ses comédies en est une illustration.
Toutefois, les intelligences verbale et linguistique, interpersonnelle, intrapersonnelle, kinesthésique et corporelle n’expliquent pas, à elles seules, l’humour. Certains affichent un niveau très élevé pour ces intelligences, mais ils ne sont pas drôles même quand ils souhaiteraient l’être.
L’humour est un talent à part entière.

– Le talent de motivation

Les motivateurs ont la capacité d’entraîner les autres.
Ils suscitent l’enthousiasme de ceux qui les entourent. Ils savent mobiliser les hommes et les femmes, non pas simplement sur un laps de temps très bref, le temps de l’émotion, mais dans la durée. Ils parviennent à associer les autres à leurs projets. À un niveau exceptionnel, la capacité à motiver révèle un talent.
Le Pape François est un motivateur talentueux. À Buenos Aires, il savait durablement mobiliser ses troupes avec une efficacité exceptionnelle. Lorsqu’il a été élu pape, il a suscité de la curiosité. Et surtout, il a su rapidement créer un intérêt considérable et même de l’enthousiasme au-delà de la communauté des catholiques pratiquants.
Le motivateur mobilise son intelligence interpersonnelle pour comprendre ses interlocuteurs et communiquer efficacement. Cependant, la capacité à insuffler de l’enthousiasme n’est pas dans le champ de l’intelligence interpersonnelle. Le talent de motivation ne se confond pas avec l’intelligence interpersonnelle.
Il ne se confond pas non plus avec le talent oratoire. Les motivateurs ne sont pas toujours de bons orateurs.

– Le talent de négociation

Le talent de négociation est la capacité exceptionnelle à imposer son point de vue. Le négociateur de talent persuade et convainc son interlocuteur.
Le talent de négociation n’est pas le talent oratoire. L’orateur s’exprime face à la foule. Le négociateur convainc en tête-à-tête. Il s’adresse à une personne et non pas à un groupe. Mais il faut bien reconnaître qu’un négociateur de talent est rarement dépourvu de capacités oratoires.
Le négociateur utilise l’intelligence interpersonnelle pour entrer en relation avec son interlocuteur, le comprendre et communiquer avec lui. Toutefois, le négociateur déploie une force de persuasion qui ne relève pas du champ de l’intelligence interpersonnelle. Ceux qui ont une intelligence interpersonnelle très élevée ne sont que rarement des négociateurs d’exception.
Nicolas Sarkozy est un négociateur talentueux. À 28 ans, il est parvenu à conquérir la mairie de Neuilly-sur-Seine face à Charles Pasqua. Et pourtant, Charles Pasqua était un homme politique de premier plan alors que Nicolas Sarkozy n’en était qu’au commencement de sa carrière politique. Pour arriver à ses fins, Sarkozy a persuadé, en tête-à-tête, chaque conseiller municipal de soutenir sa candidature. Avec succès !
Plus tard, Pierre Sellal a constaté l’efficacité avec laquelle le Président Sarkozy a imposé le traité de Lisbonne à ses partenaires européens : « Il a réussi à vendre aux vingt-sept son mini-traité comme un produit nouveau. »(6)
En Libye, il a réussi à convaincre les membres de la coalition anti-Kadhafi de la nécessité d’une intervention aérienne. Alain Juppé, qui était alors ministre des Affaires étrangères, se souvient : « La façon dont Nicolas a su convaincre la coalition, l’entraîner, l’issue somme toute rapide du conflit, ont vraiment bluffé Obama. »(6)
On pourrait multiplier les exemples qui illustrent le talent de négociateur de Nicolas Sarkozy.

– La force morale

La force morale est cruciale pour les dirigeants et les chefs militaires. Elle est la capacité à tenir bon et à endurer même dans les situations les plus périlleuses. Elle est à la fois volonté et patience : elle empêche d’être moralement anéanti par les difficultés.
La force morale est ce qui permet de tenir bon jusqu’au moment où il est opportun d’agir. Une force morale d’un niveau exceptionnellement élevé est un talent.
Margaret Thatcher, la bien nommée Dame de fer, avait ce talent. Lorsqu’au début de son mandat les prisonniers de l’IRA entamèrent une grève de la faim, elle refusa de céder face à ce qu’elle considérait comme un chantage. Elle les laissa mourir de faim…
En 1984, elle avait encore refusé de céder face aux mineurs grévistes. Le mouvement social a duré un an, mais Madame Thatcher a tenu bon !
Pendant de nombreuses années, sa politique néolibérale donnait des résultats catastrophiques : le peuple souffrait, le chômage augmentait, l’inflation explosait et les entreprises périclitaient. Et pourtant, elle n’a pas changé de politique économique. Le chômage n’a commencé à baisser qu’après six années…
On peut évidemment critiquer la politique menée par Margaret Thatcher qui a aggravé les inégalités. Mais combien d’hommes politiques ont montré une volonté et une force morale aussi spectaculaires ?

– Le talent stratégique

À un niveau exceptionnel, la capacité à élaborer et mettre en œuvre des stratégies est un talent.
Le talent de stratège exige une intelligence visuelle et spatiale au minimum élevée. En effet, le stratège doit disposer d’une grande capacité à visualiser mentalement des situations et à créer des images dynamiques — des films mentaux — de leurs évolutions possibles.
Mais il faut plus qu’une grande capacité de visualisation — le coup d’œil de l’esprit de Clausewitz — pour faire un grand stratège. Le grand stratège doit prévoir, anticiper et décider de se lancer immédiatement dans l’action lorsque les conditions sont opportunes. Le grand stratège passe du plan à l’action presque immédiatement.
Napoléon Bonaparte et Charles de Gaulle disposaient de ces capacités à un niveau exceptionnel.
Le stratège doit aussi disposer d’une force morale élevée. Pour pouvoir agir au moment opportun, il doit être capable de tenir bon jusqu’à l’instant le plus favorable. Lénine insistait sur cet aspect psychologique de la stratégie : « retarder les opérations jusqu’à ce que la désintégration morale de l’ennemi rende à la fois possible et facile de porter le coup décisif. »
Enfin, le stratège doit mobiliser les hommes et les femmes pour atteindre son objectif. Pour susciter rapidement et efficacement l’adhésion, il doit savoir manipuler les passions.
Le stratège idéal aurait donc une capacité de visualisation exceptionnelle, une faculté à passer du plan à l’action en un clin d’œil, une force morale hors norme et il serait un extraordinaire manipulateur des passions. Cela représente beaucoup de capacités exceptionnelles réunies en un seul homme ou une seule femme. Beaucoup trop, même pour Alexandre le Grand qui était peut-être celui qui se rapprochait le plus du stratège idéal.

La mémoire, l’art et la créativité

Howard Gardner note que les études neuropsychologiques tendent à montrer la séparation des différentes mémoires, à savoir la mémoire du langage, la mémoire des visages, la mémoire spatiale, la mémoire corporelle et la mémoire musicale. Le processus de mémorisation semble impliquer des processus différents.
En effet, un individu peut avoir une excellente mémoire des textes sans pour autant mémoriser aisément les chiffres, les visages, les mouvements, les itinéraires ou la musique.
En pratique, une capacité de mémorisation élevée est très souvent liée à une intelligence multiple élevée et parfois même à un talent. Ainsi, un individu qui mémorise très facilement les textes montre souvent une intelligence verbale et linguistique élevée, celui qui mémorise aisément de la musique a généralement une intelligence musicale et rythmique élevée...
Howard Gardner avance que l’usage artistique d’une intelligence est une décision que prend un individu ou une culture. Selon Gardner, l’exercice artistique d’une intelligence spécifique implique un jugement de valeur.
Certains montrent une sensibilité artistique et esthétique plus développée que d’autres. Toutefois, la sensibilité ou l’approche artistique d’un individu ne s’épanouit pas dans toutes les disciplines. Elle n’est manifeste que dans les domaines pour lesquels la personne dispose d’une intelligence élevée ou d’un talent.
La créativité semble fonctionner de façon analogue à la sensibilité artistique ou esthétique. Un individu ne montre pas le même niveau de créativité dans toutes les disciplines. Par ailleurs, le niveau de créativité d’une personne peut fortement varier dans un laps de temps très court, au contraire des intelligences et du talent qui affichent une stabilité dans le temps. Le support de la créativité est une intelligence multiple élevée ou un talent.
Je pense donc qu’il n’y a ni intelligence ni talent de mémorisation, artistique ou créatif.
En revanche, une capacité de mémorisation, une capacité artistique ou une capacité de créativité particulièrement élevée dans un domaine révèle souvent une intelligence multiple très élevée et parfois un talent.
C’est pourquoi je vous recommande de vous intéresser tout particulièrement aux domaines dans lesquels vous avez une excellente mémoire, une sensibilité artistique ou esthétique affirmée ou encore une grande créativité. Cette démarche vous permettra de détecter une intelligence multiple très élevée ou votre talent.

Comment définir le champ d’application de votre talent ?

L’ennéagramme est un outil très efficace pour connaître vos motivations permanentes. Toutefois, vos motivations permanentes ne révèlent pas votre talent. En revanche, elles permettent de prendre conscience de ce que vous recherchez et de ce que vous fuyez. Mais ce que vous recherchez, c’est-à-dire votre motivation positive permanente, n’est pas votre talent !
Connaître vos intelligences multiples facilite votre cheminement dans la définition du talent.
L’une de vos intelligences multiples peut afficher un niveau exceptionnel. Elle est alors avec votre talent ou domaine d’excellence. J’ai observé que ceux qui disposent d’une intelligence multiple exceptionnellement élevée — qui révèle donc un talent — n’ont généralement que deux intelligences multiples fortes. Si vous appartenez à cette catégorie, assez peu répandue sans être rarissime, votre démarche sur la recherche du talent s’arrête ici.
Dans la négative, l’évaluation de vos intelligences multiples demeure une démarche utile. En effet, à défaut de pouvoir encore définir votre talent, vous connaîtrez vos atouts, vos faiblesses et vous disposerez d’une base solide pour rechercher votre domaine d’excellence.
Deux intelligences ont ici une importance particulière.
Un niveau élevé d’intelligence intrapersonnelle vous permettra de progresser rapidement à la fois dans la recherche de vos motivations permanentes, dans l’évaluation de vos intelligences multiples et dans la définition de votre talent.
Aussi, comme les méthodes que je vous présente sont basées sur des classifications et des catégories, une intelligence naturaliste élevée facilitera considérablement votre propre démarche et vous permettra également d’aider d’autres personnes.
Je ne connais pas de solution magique pour définir le talent. Je ne peux donc vous proposer qu’une méthode empirique : expérimenter, faire un bilan de votre expérimentation et conclure. Le talent se manifeste par la fluidité et la facilité dans l’accomplissement de certaines activités. Il est donc difficile à détecter.
La patience et le discernement sont deux qualités importantes pour y parvenir. Si nous n’en sommes pas tous également dotés, chacun d’entre nous peut les travailler et les renforcer.
Comme il est difficile de prendre conscience de la fluidité de votre domaine d’excellence, une aide extérieure peut être utile. Un tiers ou des proches bienveillants qui vous connaissent bien peuvent vous aider dans cette démarche.
La méthode que je vous propose facilite la découverte de votre talent. Mais elle n’est pas nécessaire pour tous. Certains deviennent les maîtres de leur talent sans avoir besoin d’aucune méthode.

Talent, richesse et infaillibilité

Le talent permet l’excellence opérationnelle quand on l’utilise dans son champ d’application. En revanche, il ne garantit ni la richesse ni l’infaillibilité.
La meilleure manière de devenir riche rapidement est d’hériter d’une fortune ou de gagner à la loterie. Pour cela, la chance de naissance et la chance au jeu suffisent : nul besoin d’utiliser son talent !
Vous pouvez parfaitement connaître le champ d’application de votre talent et l’utiliser quotidiennement sans pour autant devenir riche. Pour ne citer qu’un exemple, Charles de Gaulle a largement utilisé son talent de stratège et avec succès. Et pourtant, il ne s’est pas enrichi. Il est vrai que ce n’était pas sa priorité. Celui qui ne cherche pas à s’enrichir en utilisant son talent a évidemment moins de chance d’y parvenir.
Aussi, certains talents sont facilement monnayables alors que d’autres le sont beaucoup moins. Ici encore votre talent sera une chance de richesse, de célébrité […] ou non selon les circonstances de temps et de lieu. Parfois, l’utilisation d’une intelligence multiple, dont nous disposons à un niveau élevé, mais pas exceptionnel pour développer des compétences très recherchées, s’avère beaucoup plus rémunératrice que notre talent.
Il est fréquent que la découverte de notre talent nous donne un sentiment de toute-puissance. Cette sensation d’infaillibilité nous fait parfois perdre conscience des limites de notre talent, qui n’opère que dans un champ déterminé et généralement assez étroit. Ainsi, nous avons tendance à sortir de notre domaine d’excellence et à échouer. Le champ d’application de notre domaine d’excellence n’est pas extensible.
Et si nous étions avisés et restions scrupuleusement dans le champ d’application de notre talent, serions-nous infaillibles ? Malheureusement - ou heureusement – non ! Prenons un exemple avec deux généraux également dotés d’un talent de stratège. Si ces généraux s’affrontent dans une bataille et mobilisent leur talent, finalement, l’un remportera la victoire et l’autre sera défait. À moins que nos deux généraux ne restent sur leur position ou ne parviennent ni l’un ni l’autre à gagner du terrain...

Comment utiliser votre talent avec discernement ?

Je vous propose quatre règles pour utiliser votre talent avec discernement.
1°) Soyez conscient de votre talent, définissez-le précisément et développez des compétences qui relèvent de son champ d’application.
2°) Face à une situation, privilégiez systématiquement la solution qui vous permet d’utiliser votre talent.
3°) Utilisez votre talent avec bienveillance. Vous susciterez plus de reconnaissance que de haine et, de surcroît, vous dormirez mieux… Bien entendu, la bienveillance n’exclut pas la riposte proportionnée en cas d’attaque.
4°) Favorisez et laissez s’exprimer les talents de ceux qui vous entourent : vous vous grandirez !
La règle numéro 1 appelle quelques remarques. Le talent est une capacité exceptionnelle à acquérir, développer et mettre en œuvre des compétences dans un domaine déterminé, le champ d’application du talent.
Le talent est donc un potentiel. Si nous ne le faisons pas fructifier en mobilisant des compétences, rien ne se passe, hormis si nous avons la chance d’être dotés d’un talent charismatique.
Le talent ne se décrète pas. Il ne se singe pas : vous ne pouvez pas imiter le talent d’un autre si vous n’avez pas, vous-même, ce talent. Alors, plutôt que de devenir la grotesque caricature d’un autre, mobilisez votre talent ! Cela exige quelques efforts, mais c’est l’investissement à consentir pour devenir soi.
Les deuxième et troisième règles ne suscitent que peu d’interrogations même si elles ne sont pas toujours évidentes à mettre en pratique.
En revanche, la quatrième donne souvent lieu à des débats animés.
Vœux pieux me dit-on parfois. De toute façon, l’homme en général — et le français en particulier — est jaloux et déteste voir les autres réussir, hormis ses enfants. Et encore, il y a des parents qui jalousent leurs enfants. En plus, celui qui mettrait en valeur les talents des autres ne pourrait pas s’imposer. La preuve : en politique et dans les grandes entreprises notamment, ce sont ceux qui divisent qui règnent et non pas ceux qui valorisent les autres.
Les arguments des opposants à la quatrième règle se résument ainsi : si je laisse les autres exprimer leur talent, ils pourraient me faire de l’ombre ; donc, pour mieux régner il est préférable de diviser les hommes plutôt que de promouvoir les talents.
Je ne peux évidemment pas balayer ces arguments d’un revers de main. J’ai observé que les choses se passent souvent ainsi ; mais pas toujours…
À ce titre, l’exemple de Louis XIV est éclairant. Louis XIV a favorisé de nombreux talents, écrivains, artistes, architectes et scientifiques. Parmi les plus célèbres, on peut citer Molière, Racine, La Fontaine, Lully et Le Nôtre. Les talents des autres ont-ils porté ombrage au règne de Louis XIV ? C’est difficile à défendre face un homme qui est resté dans l’histoire comme Louis le Grand et le Roi-Soleil.
Même si vous n’êtes pas monarque absolu ou chef d’État, vous pouvez favoriser les talents de ceux qui vous entourent et devenir un talentologue praticien !
Plutôt que d’essayer de paraître plus grand en rabaissant l’autre, nous pouvons grandir en l’élevant.
Facile à écrire, plus difficile à mettre en pratique, certes !
Voyons maintenant comment Nelson Mandela a utilisé son talent.


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La version papier du livre « Découvrez vos motivations et révélez votre talent ! » est disponible ici

Comment utiliser votre talent avec discernement ? Je vous propose quatre règles pour utiliser votre talent avec discernement. 1°) Soyez conscient de votre talent, définissez-le précisément et développez des compétences qui relèvent de son champ d’application. 2°) Face à une situation, privilégiez systématiquement la solution qui vous permet d’utiliser votre talent. 3°) Utilisez votre talent avec bienveillance. Vous susciterez plus de reconnaissance que de haine et, de surcroît, vous dormirez mieux… Bien entendu, la bienveillance n’exclut pas la riposte proportionnée en cas d’attaque. 4°) Favorisez et laissez s’exprimer les talents de ceux qui vous entourent : vous vous grandirez ! La règle numéro 1 appelle quelques remarques. Le talent est une capacité exceptionnelle à acquérir, développer et mettre en œuvre des compétences dans un domaine déterminé, le champ d’application du talent. Le talent est donc un potentiel. Si nous ne le faisons pas fructifier en mobilisant des compétences, rien ne se passe, hormis si nous avons la chance d’être dotés d’un talent charismatique. Le talent ne se décrète pas. Il ne se singe pas : vous ne pouvez pas imiter le talent d’un autre si vous n’avez pas, vous-même, ce talent. Alors, plutôt que de devenir la grotesque caricature d’un autre, mobilisez votre talent ! Cela exige quelques efforts, mais c’est l’investissement à consentir pour devenir soi. Les deuxième et troisième règles ne suscitent que peu d’interrogations même si elles ne sont pas toujours évidentes à mettre en pratique. En revanche, la quatrième donne souvent lieu à des débats animés. Vœux pieux me dit-on parfois. De toute façon, l’homme en général — et le français en particulier — est jaloux et déteste voir les autres réussir, hormis ses enfants. Et encore, il y a des parents qui jalousent leurs enfants. En plus, celui qui mettrait en valeur les talents des autres ne pourrait pas s’imposer. La preuve : en politique et dans les grandes entreprises notamment, ce sont ceux qui divisent qui règnent et non pas ceux qui valorisent les autres. Les arguments des opposants à la quatrième règle se résument ainsi : si je laisse les autres exprimer leur talent, ils pourraient me faire de l’ombre ; donc, pour mieux régner il est préférable de diviser les hommes plutôt que de promouvoir les talents.