dimanche 23 septembre 2018

Madame Bovary : les motivations d’une héroïne tragique

Fabien Laurand, Emma Bovary : un destin tragique de type 4 de l'ennégramme. Une vie marquée par le manque, la dépendance affective, la tristesse, la dépression et le suicide. Selon Gustave Flaubert, Madame Bovary « est une histoire totalement inventée ». Flaubert explique qu’il ne s’est pas appuyé sur des personnages ayant réellement existé, mais qu’il a « voulu au contraire reproduire des types. »  Parfois, la fiction s’éloigne à ce point de la réalité humaine que les personnages ne correspondent à aucun type de l’ennéagramme. Mais dans d’autres cas, la fiction se nourrit d’une psychologie réaliste des femmes et des hommes. Alors, les héros et héroïnes imaginaires deviennent des sujets passionnants pour l’étude de l’ennéagramme.  Qu’en est-il pour Emma Bovary ?
Madame Bovary
Selon Gustave Flaubert, Madame Bovary « est une histoire totalement inventée ». Flaubert explique qu’il ne s’est pas appuyé sur des personnages ayant réellement existé, mais qu’il a « voulu au contraire reproduire des types. »
Parfois, la fiction s’éloigne à ce point de la réalité humaine que les personnages ne correspondent à aucun type de l’ennéagramme. Mais dans d’autres cas, la fiction se nourrit d’une psychologie réaliste des femmes et des hommes. Alors, les héros et héroïnes imaginaires deviennent des sujets passionnants pour l’étude de l’ennéagramme.
Qu’en est-il pour Emma Bovary ?

Le personnage de Madame Bovary est-il porté par un type de personnalité de l’ennéagramme ?

Fabien Laurand. Un destin tragique de type 4 de l'ennéagramme en voie de désintégration. Commençons par examiner le comportement d’Emma Bovary.  Madame Bovary apprécie l’art, la beauté et les émotions esthétiques. Elle est attirée par les activités artistiques : le piano ou le dessin par exemple. Elle montre aussi une attention particulière et de l’originalité dans sa façon de se vêtir ou d’aménager sa maison.  Elle vit ses émotions avec une grande intensité. Ainsi elle déclare à Léon, le clerc de notaire : « Je déteste les héros communs et les sentiments tempérés, comme il y en a dans la nature ».  Ses émotions changent brutalement et connaissent de fortes amplitudes. Léon relève « la diversité de son humeur tour à tour mystique ou joyeuse, babillarde, taciturne, emportée, nonchalante ».  Elle éprouve des émotions à la fois profondes et contradictoires. C’est le cas avec Léon : attraction amoureuse, indifférence ou encore attitude glaciale.  Ses sentiments à l’égard de Rodolphe, son autre amant, sont ambivalents : elle théâtralise ses crises de jalousie et l’interpelle : « m’aimes-tu ? ». Emma ajoute, par ailleurs, que l’excès de bonheur rend son cœur triste.  Emma Bovary se remémore très souvent son passé avec nostalgie. C’est le cas, notamment, de son séjour à la Vaubyessard où elle a pu, pendant quelques jours, côtoyer le grand monde et fréquenter l’élite sociale.  Elle ressent le manque avec intensité. Elle croit que les autres détiennent ce qui lui est refusé. La sensation profonde de manque consécutive à l’éloignement de son amant en est une illustration.  Elle est aussi envieuse. Son envie se manifeste par son désir d’objets de décoration, de vêtements [...] qu’elle se procure auprès de M. Lheureux, le commerçant toujours prêt à lui accorder des délais de paiement contre intérêts. Ce comportement la conduira à la banqueroute.  Résumons. Madame Bovary aime l’art et recherche les émotions esthétiques. Elle vit des émotions intenses qui fluctuent considérablement : elle passe rapidement de la joie à la tristesse. Elle met en scène ses émotions. Elle se souvient de son passé avec intensité, le plus souvent sur un mode tragique. Enfin, elle ressent un manque et peut être envieuse.

Commençons par examiner le comportement d’Emma Bovary.
Madame Bovary apprécie l’art, la beauté et les émotions esthétiques. Elle est attirée par les activités artistiques : le piano ou le dessin par exemple. Elle montre aussi une attention particulière et de l’originalité dans sa façon de se vêtir ou d’aménager sa maison.
Elle vit ses émotions avec une grande intensité. Ainsi elle déclare à Léon, le clerc de notaire : « Je déteste les héros communs et les sentiments tempérés, comme il y en a dans la nature ».
Ses émotions changent brutalement et connaissent de fortes amplitudes. Léon relève « la diversité de son humeur tour à tour mystique ou joyeuse, babillarde, taciturne, emportée, nonchalante ».
Elle éprouve des émotions à la fois profondes et contradictoires. C’est le cas avec Léon : attraction amoureuse, indifférence ou encore attitude glaciale.
Ses sentiments à l’égard de Rodolphe, son autre amant, sont ambivalents : elle théâtralise ses crises de jalousie et l’interpelle : « m’aimes-tu ? ». Emma ajoute, par ailleurs, que l’excès de bonheur rend son cœur triste.
Emma Bovary se remémore très souvent son passé avec nostalgie. C’est le cas, notamment, de son séjour à la Vaubyessard où elle a pu, pendant quelques jours, côtoyer le grand monde et fréquenter l’élite sociale.
Elle ressent le manque avec intensité. Elle croit que les autres détiennent ce qui lui est refusé. La sensation profonde de manque consécutive à l’éloignement de son amant en est une illustration.
Elle est aussi envieuse. Son envie se manifeste par son désir d’objets de décoration, de vêtements [...] qu’elle se procure auprès de M. Lheureux, le commerçant toujours prêt à lui accorder des délais de paiement contre intérêts. Ce comportement la conduira à la banqueroute.
Résumons. Madame Bovary aime l’art et recherche les émotions esthétiques. Elle vit des émotions intenses qui fluctuent considérablement : elle passe rapidement de la joie à la tristesse. Elle met en scène ses émotions. Elle se souvient de son passé avec intensité, le plus souvent sur un mode tragique. Enfin, elle ressent un manque et peut être envieuse.

Emma Bovary est donc type 4 de l’ennéagramme.

Sa motivation négative permanente la conduit à détester la banalité. Sa motivation positive permanente la pousse à rechercher l’originalité.
Emma a la certitude d’être unique.

Madame Bovary est-elle un type 4 intégré ?

Fabien Laurand. Une illustration tragique du type 4 de l'ennéagramme. Emma s’accroche à ses deux amants : Rodolphe et Léon.  Avec Rodolphe, elle élabore des plans irréalistes en s’imaginant qu’il va tout quitter pour partir vivre avec elle. Emma s’attache à Rodolphe et lorsqu’il la quitte, elle devient dépressive. Malade, elle connaît alors une sorte d’extase mystique quand elle croit mourir.  Emma Bovary vit de plus en plus dans l’attente affective de ses amants. Elle attend d’eux qu’ils la comprennent, mais en même temps, elle est persuadée que personne ne peut réellement la comprendre.  Elle sombre progressivement dans la tristesse, la dépression et sa vie n’est plus qu’une fuite en avant que le surendettement et la cavalerie illustrent clairement. La déroute financière d’Emma accompagne sa déroute sentimentale. Elle vend les biens de son mari grâce à la procuration qu’il lui a octroyée. Elle multiplie les billets à ordre de sorte que sa vie devient une impasse tant sur le plan émotionnel que matériel.  Elle se suicide après avoir tenté vainement d’obtenir de l’argent de son ancien amant Rodolphe.  Revenons au type 4.  Lorsqu’il va mal et qu’il ne peut plus atteindre le but qui découle de ses motivations, le type 4 devient dépendant des autres. C’est une situation catastrophique pour lui. Comme le quatre se sent unique, il est persuadé que les autres sont incapables de le comprendre vraiment. Attendre un soutien affectif de la part d’une personne dont on est certain qu’elle ne peut pas nous satisfaire conduit nécessairement à une impasse.  Avec la progression du récit, Mme Bovary tend de plus en plus à développer un comportement de type 2, particulièrement destructeur pour le type 4.  La dépendance affective, si elle se prolonge, conduit le type 4 à une profonde tristesse voire à la dépression. Dans les cas extrêmes, la mélancolie peut le conduire au suicide.  On peut lire Madame Bovary comme le roman d’un type 4 qui sombre dans la dépendance affective et la tristesse. En bref, c’est le scénario catastrophe pour un type 4.

Emma s’accroche à ses deux amants : Rodolphe et Léon.
Avec Rodolphe, elle élabore des plans irréalistes en s’imaginant qu’il va tout quitter pour partir vivre avec elle. Emma s’attache à Rodolphe et lorsqu’il la quitte, elle devient dépressive. Malade, elle connaît alors une sorte d’extase mystique quand elle croit mourir.
Emma Bovary vit de plus en plus dans l’attente affective de ses amants. Elle attend d’eux qu’ils la comprennent, mais en même temps, elle est persuadée que personne ne peut réellement la comprendre.
Elle sombre progressivement dans la tristesse, la dépression et sa vie n’est plus qu’une fuite en avant que le surendettement et la cavalerie illustrent clairement. La déroute financière d’Emma accompagne sa déroute sentimentale. Elle vend les biens de son mari grâce à la procuration qu’il lui a octroyée. Elle multiplie les billets à ordre de sorte que sa vie devient une impasse tant sur le plan émotionnel que matériel.
Elle se suicide après avoir tenté vainement d’obtenir de l’argent de son ancien amant Rodolphe.
Revenons au type 4.
Lorsqu’il va mal et qu’il ne peut plus atteindre le but qui découle de ses motivations, le type 4 devient dépendant des autres. C’est une situation catastrophique pour lui. Comme le quatre se sent unique, il est persuadé que les autres sont incapables de le comprendre vraiment. Attendre un soutien affectif de la part d’une personne dont on est certain qu’elle ne peut pas nous satisfaire conduit nécessairement à une impasse.
Avec la progression du récit, Mme Bovary tend de plus en plus à développer un comportement de type 2, particulièrement destructeur pour le type 4.
La dépendance affective, si elle se prolonge, conduit le type 4 à une profonde tristesse voire à la dépression. Dans les cas extrêmes, la mélancolie peut le conduire au suicide.
On peut lire Madame Bovary comme le roman d’un type 4 qui sombre dans la dépendance affective et la tristesse. En bref, c’est le scénario catastrophe pour un type 4.

Quelles leçons peut-on tirer de ce destin tragique ?

Fabien Laurand, Ennéatype 4. À la lecture du roman de Flaubert, je n’ai pas trouvé d’éléments probants concernant le talent de Mme Bovary.  Mais lorsque l’on fréquente un type 4 en voie de désintégration comme Madame Bovary, la priorité n’est pas de rechercher son talent.  La vie de Madame Bovary est une tragédie insupportable à laquelle elle met fin en se suicidant. Évidemment, la tragédie n’est pas l’horizon indépassable du type 4. Le type 4 n’est pas soumis à la fatalité d’une vie « bovarienne. »  Qu’aurait pu faire Mme Bovary pour éviter ce destin tragique ?  Les aspects psychiatriques et psychopathologiques doivent être pris en compte.  Mais, par ailleurs, quelles clés l’ennéagramme propose-t-il ?  Emma vit uniquement d’après ses sentiments et ses émotions. Elle est aussi de plus en plus réceptive aux émotions négatives et à un sentiment de manque qui grandit au point qu’elle ne considère plus sa vie que sous un angle tragique. Enfin, elle s’accroche à ses amants tout en étant certaine qu’ils ne peuvent pas vraiment la comprendre.  Deux pratiques lui auraient permis de mieux maîtriser ses émotions envahissantes : les travaux concrets et la réflexion sur le manque.

À la lecture du roman de Flaubert, je n’ai pas trouvé d’éléments probants concernant le talent de Mme Bovary.
Mais lorsque l’on fréquente un type 4 en voie de désintégration comme Madame Bovary, la priorité n’est pas de rechercher son talent.
La vie de Madame Bovary est une tragédie insupportable à laquelle elle met fin en se suicidant. Évidemment, la tragédie n’est pas l’horizon indépassable du type 4. Le type 4 n’est pas soumis à la fatalité d’une vie « bovarienne. »
Qu’aurait pu faire Mme Bovary pour éviter ce destin tragique ?
Les aspects psychiatriques et psychopathologiques doivent être pris en compte.
Mais, par ailleurs, quelles clés l’ennéagramme propose-t-il ?
Emma vit uniquement d’après ses sentiments et ses émotions. Elle est aussi de plus en plus réceptive aux émotions négatives et à un sentiment de manque qui grandit au point qu’elle ne considère plus sa vie que sous un angle tragique. Enfin, elle s’accroche à ses amants tout en étant certaine qu’ils ne peuvent pas vraiment la comprendre.

Deux pratiques lui auraient permis de mieux maîtriser ses émotions envahissantes : les travaux concrets et la réflexion sur le manque.

Les travaux concrets comme la cuisine, la peinture, le bricolage, la couture […] font le plus grand bien au type 4 en canalisant ses émotions. En effet, les tâches matérielles simples l’obligent à se concentrer sur des objectifs concrets, ce qui réduit sensiblement l’emprise des émotions. C’est une méthode efficace pour sortir de la spirale infernale des émotions négatives. Bref, une femme qui aspire à s’intégrer à la haute société peut aussi trouver des travaux concrets socialement acceptables...
Le type 4 aime s’interroger sur les grandes et graves questions de la vie. Il peut avantageusement mener une réflexion approfondie sur les sentiments de tristesse et de manque. Le questionnement sur le manque, l’envie et la jalousie lui montrera qu’être adulte c’est aussi accepter le manque. Le quatre dispose des capacités d’introspection nécessaires pour conduire une telle démarche d’introspection. Mais il ne pourra entamer cette réflexion qu’après avoir réduit l’emprise de ses émotions négatives. D’où l’intérêt de pratiquer régulièrement !

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Et si vous voulez en savoir plus sur l'ennéagramme, vous pouvez lire Comprendre et utiliser l'ennéagramme :

Qu'est-ce qui vous motive ? Pourquoi faites-vous ce que vous faites ? Connaître un élément essentiel de votre personnalité...