samedi 3 novembre 2018

La personnalité de Napoléon Bonaparte : Napoléon vu par l’ennéagramme

Napoléon Bonaparte ennéagramme, Napoléon ennéatype, Napoléon personnalité tragique romantique, Napoléon Bonaparte type 4 ou type 8, Napoléon dépressif mélancolique, Napoléon tempérament caractère. Fabien Laurand. Examinons le comportement de Napoléon Bonaparte. Le mythe de Napoléon en a fait un surhomme conquérant, ambitieux, toujours prêt à l’affrontement. En bref, un chef et un commandant hors pair. Clausewitz, qui voit en Napoléon un « Dieu de la guerre », accrédite cette aura de l’imperator, le général victorieux, qui détient la potestas, la puissance (3). Lorsque l’oncle Lucciano s’adresse à Joseph, il lui dit : « Tu es l’aîné de la famille, mais en voilà le chef, ne l’oublie jamais. » Bien entendu, Lucciano parle de Napoléon. Très jeune, Napoléon avait un total ascendant sur son frère aîné Joseph (5). Enfant, Napoléon était d’humeur turbulente, querelleuse et agressive (2). Il semblait ne craindre personne. Il a conduit de nombreuses batailles et souvent avec succès. Il a su commander aux hommes. Il s’est montré courageux même si son courage a été exagéré par la propagande qu’il organisait avec brio. Bonaparte était très ambitieux et rêvait de grandeur. À Brienne, alors qu’il est injustement réprimandé par un enseignant, Napoléon lui répond. L’enseignant rétorque alors « Qui êtes-vous donc, monsieur pour me répondre ainsi. » Napoléon conclut à haute voix : « Un homme. » (2) Ensuite, Napoléon n’hésite pas à faire des reproches appuyés à ses camarades, à les piquer au vif. Il se bat assez souvent à Brienne comme à l’école militaire de Paris et il a du répondant tout en gardant son sang-froid (2). Enfin, il aborde souvent ses interlocuteurs en leur posant de nombreuses questions afin de les obliger à répondre de façon synthétique (4). Chaptal relève que Napoléon s’était emporté à plusieurs reprises. Il avait des colères très violentes et un caractère « impétueux. » (1) Lorsqu’il avait 9 ans, Napoléon quitta son frère Joseph, à Autun. Alors que son frère pleurait, Napoléon versa une seule larme qu’il tenta de dissimuler, même s’il aimait sincèrement Joseph. À l’école, il avait été humilié par un simulacre de conseil de guerre, mais il était resté stoïque. Il avait mené des révoltes contre les régents et il avait supporté les punitions sans se plaindre. Une fois cependant, il eut une crise de nerfs à la suite d’une punition (2). Ces comportements correspondent à ceux du type 8 de l’ennéagramme. En effet, le huit est un chef qui sait commander et diriger les hommes. Il est courageux, dynamique et il aime le pouvoir. La démesure est un trait saillant de son comportement. Il recherche la confrontation, les rapports de force. Il est impétueux. Enfin, le huit déteste et réprime les manifestations de faiblesse.  Napoléon Bonaparte apparaît donc comme un excellent candidat au type 8 de l'ennéagramme.

Si vous ne l'avez pas déjà lu, je vous invite à commencer par mon article "Napoléon Bonaparte : la vie et l'histoire de l’imperator tragico-romantique"

Examinons le comportement de Napoléon Bonaparte.

Le mythe de Napoléon en a fait un surhomme conquérant, ambitieux, toujours prêt à l’affrontement. En bref, un chef et un commandant hors pair. Clausewitz, qui voit en Napoléon un « Dieu de la guerre », accrédite cette aura de l’imperator, le général victorieux, qui détient la potestas, la puissance (3).
Lorsque l’oncle Lucciano s’adresse à Joseph, il lui dit : « Tu es l’aîné de la famille, mais en voilà le chef, ne l’oublie jamais. » Bien entendu, Lucciano parle de Napoléon.
Très jeune, Napoléon avait un total ascendant sur son frère aîné Joseph (5). Enfant, Napoléon était d’humeur turbulente, querelleuse et agressive (2). Il semblait ne craindre personne.
Il a conduit de nombreuses batailles et souvent avec succès. Il a su commander aux hommes. Il s’est montré courageux même si son courage a été exagéré par la propagande qu’il organisait avec brio. Bonaparte était très ambitieux et rêvait de grandeur.
À Brienne, alors qu’il est injustement réprimandé par un enseignant, Napoléon lui répond. L’enseignant rétorque alors « Qui êtes-vous donc, monsieur pour me répondre ainsi. » Napoléon conclut à haute voix : « Un homme. » (2) Ensuite, Napoléon n’hésite pas à faire des reproches appuyés à ses camarades, à les piquer au vif. Il se bat assez souvent à Brienne comme à l’école militaire de Paris et il a du répondant tout en gardant son sang-froid (2). Enfin, il aborde souvent ses interlocuteurs en leur posant de nombreuses questions afin de les obliger à répondre de façon synthétique (4).
Chaptal relève que Napoléon s’était emporté à plusieurs reprises. Il avait des colères très violentes et un caractère « impétueux. » (1)
Lorsqu’il avait 9 ans, Napoléon quitta son frère Joseph, à Autun. Alors que son frère pleurait, Napoléon versa une seule larme qu’il tenta de dissimuler, même s’il aimait sincèrement Joseph. À l’école, il avait été humilié par un simulacre de conseil de guerre, mais il était resté stoïque. Il avait mené des révoltes contre les régents et il avait supporté les punitions sans se plaindre. Une fois cependant, il eut une crise de nerfs à la suite d’une punition (2).
Ces comportements correspondent à ceux du type 8 de l’ennéagramme.
En effet, le huit est un chef qui sait commander et diriger les hommes. Il est courageux, dynamique et il aime le pouvoir. La démesure est un trait saillant de son comportement. Il recherche la confrontation, les rapports de force. Il est impétueux. Enfin, le huit déteste et réprime les manifestations de faiblesse.

Napoléon Bonaparte apparaît donc comme un excellent candidat au type 8 de l'ennéagramme.

Alors, pourquoi penser un seul instant que Napoléon puisse relever d’un autre type que le huit ? Simplement parce qu’une lecture attentive de son comportement montre que les choses n’étaient pas aussi évidentes.

Napoléon : légende dorée ou légende noire ?

Bonaparte est un personnage complexe et parfois déroutant, ce que ses hagiographes ou ses détracteurs passent, volontairement ou non, sous silence. Le mythe qui entoure Napoléon pousse à la caricature soit élogieuse, soit pamphlétaire. Selon l’époque, la légende noire s’impose, puis la légende dorée lui succède. Ainsi, Napoléon devient l’Antéchrist ou le nouveau Messie selon les époques et les auteurs. Tulard relève les deux aspects du mythe napoléonien : une ascension exceptionnelle suivie d’une chute vertigineuse (7).
Napoléon a organisé lui-même son mythe, notamment grâce au Mémorial de Sainte-Hélène de Las Cases qui a été écrit alors qu’il était en captivité. Tulard a d’ailleurs qualifié le Mémorial de « chef d’œuvre de propagande. » (7)

Napoléon Bonaparte : l’inventeur de la propagande moderne ?

Napoléon est, d’une certaine façon, l’inventeur de la propagande moderne. Dès la campagne d’Italie, en 1797, il crée deux journaux, Le Courrier de l’armée d’Italie puis La France vue de l’armée d’Italie. Évidemment, ses journaux sont destinés à construire son mythe. En voici quelques extraits : « Bonaparte vole comme l’éclair et frappe comme la foudre. Il est partout et voit tout ; il est l’envoyé de la Grande Nation […] Il sait qu’il est des hommes dont le pouvoir n’a d’autres bornes que leur volonté quand la vertu des plus sublimes vertus seconde un vaste génie. » (7) Napoléon Ier ne fait pas dans la demi-mesure lorsqu’il institue le catéchisme impérial : « Que doit-on penser de ceux qui manqueraient à leur devoir envers notre empereur ? Selon l’apôtre Saint Paul, ils résisteraient à l’ordre établi de Dieu même et se rendraient dignes de la damnation éternelle. » (7) Aussi, d’illustres auteurs ont participé à forger le mythe. Pour ne mentionner qu’un exemple à l’appui de la légende dorée citons Goethe pour qui la vie de Napoléon Bonaparte « a brillé d’une splendeur que le monde n’avait pas vue avant lui et que sans doute il ne reverra plus. » (7) Et pour illustrer la légende noire, citons Pierre-Joseph Proudhon qui ne voyait en Bonaparte qu’un « homme immonde en tout. » (7)
Une lecture attentive de plusieurs biographies de Bonaparte m’a conduit à douter que ses motivations étaient celles du type 8, à savoir, la recherche de la confrontation et le combat acharné contre les manifestations de faiblesse.
Si Napoléon était autoritaire et courageux, il était aussi mélancolique. Face à des choix importants, il a montré de l’anxiété et de l’angoisse.

Napoléon Bonaparte : une jeunesse tragique

Le 12 juin 1789, il écrit à Paoli : « Je naquis quand la patrie périssait […] Tel fut le spectacle odieux qui vint le premier frapper mes regards. » Au moment où il écrit, la patrie de Napoléon est bien la Corse et non pas la France (5). Napoléon rapproche donc sa naissance de la tragédie de la défaite (4).
Exilé très jeune pour suivre ses études en métropole, Napoléon est un déraciné : corse pour les Français et français pour les Corses. Bonaparte est nostalgique de la Corse qui lui manque terriblement.
Bonaparte se cherche un père de substitution et Paoli devient son héros, presque son Dieu. Il veut devenir un homme politique et un législateur corse. Son objectif est alors d’assurer à la Corse son indépendance ou au minimum de lui garantir un avenir plus enviable (5). À l’époque où il échange des courriers avec son ancien maître à Brienne, Napoléon affirme mépriser ceux qui ne suivent pas la politique de Paoli (5).
Mais ensuite, il constate qu’il n’a plus aucun avenir politique en Corse. Il en veut probablement à son père d’avoir trahi sa patrie, la Corse, pour servir la monarchie française, ou encore à sa mère qu’il a pu suspecter d’infidélité avec le comte de Marbeuf (4). Chassé de Corse, Bonaparte fait sienne l’idéologie de la nation française (4).

Napoléon : le moteur de l’absence et du manque

À Brienne, Chuquet décrit Napoléon comme un individu privé de sa patrie et qui, par conséquent, ressent une absence et un manque profonds : « Être privé de sa chambre natale et du jardin qu’on a parcouru dans son enfance, n’avoir pas d’habitation paternelle, c’est n’avoir point de patrie. » (2)
Ses relations avec les femmes sont marquées par un très fort sentiment d’absence. Alors qu’il fait la cour à Désirée Clary, le jeune Bonaparte, en route pour l’Italie, lui écrit : « C’est par l’absence que les sentiments vacillent et se caractérisent. Eugénie est-elle tout entière à son amant ? » (6) Plus tard, il écrit à Joséphine que « l’absence guérit les petites passions et accroît les grandes. » (6)

Napoléon Bonaparte : cruauté et compassion

Les biographes écrivent souvent sur l’ambition et la volonté de pouvoir réelles de Napoléon. Mais sa compassion est généralement ignorée. Il est vrai qu’elle était à géométrie variable. Parfois la vie humaine n’avait, à ces yeux, que peu d’importance. Ainsi, à un ministre russe, il rétorque : « Votre maître a-t-il comme moi 25 000 hommes à dépenser par mois. » (1)
Chuquet ne néglige pas cet aspect de la personnalité de Napoléon et décrit la compassion authentique dont il pouvait faire preuve.
Napoléon parle des Groenlandais déportés au Danemark : « on leur prodigue en vain tout ce que la cour de Copenhague peut offrir ; l’anxiété de la patrie, de la famille les conduit à la mélancolie et de là à la mort. » Aussi, il lit avec attendrissement les Jardins de Dellile et plus particulièrement le passage dans lequel un Tahitien reconnaît avec nostalgie un arbre de son île (2).
Bonaparte éprouve également de la compassion pour les Corses vendus comme esclaves à Rome. Il vante aussi leur héroïsme.
Outre une réelle compassion, ces exemples mettent en évidence le manque, la nostalgie et même la mélancolie de la patrie.

Napoléon Bonaparte : un artiste maudit ?

Même si Bonaparte n’était pas un artiste reconnu, on trouve chez lui un goût singulier pour la beauté et les activités artistiques.
Lorsqu’il retrouve la Corse à l’occasion d’un congé, en 1786, Napoléon ressent de fortes émotions pour sa patrie. Il admire la beauté singulière de la Corse, son caractère unique (2).
Lecteur assidu, Bonaparte a également pris la plume. Jeune, il voulait être écrivain : il a écrit notamment deux œuvres de fiction, Le Comte d’Essex et Le Masque Prophète. Il a aussi rédigé ses lettres sur la Corse. Enfin, il a remis sa contribution écrite au discours de Lyon, un concours organisé par l’Académie de Lyon ayant pour thème « Quelles vérités et quels sentiments il importe le plus d’inculquer aux hommes pour leur bonheur. » Mais en 1791, l’Académie juge son texte « au-dessous du médiocre. » (4)
Napoléon met un terme à sa carrière d’écrivain. Le 7 août 1792, après avoir terminé son discours de Lyon, il écrit à son frère Joseph : « Je n’ai plus la petite ambition d’être un auteur. » (2)
À propos du discours de Lyon, Chuquet montre le grand écart entre les idées défendues par Bonaparte dans son texte et ce qu’est devenu ensuite le général. Dans son discours, Bonaparte défend les spartiates et fait l’éloge des stoïciens. Par la suite, le général sera gouverné à son insu par ses passions, il sera un homme d’imagination, souvent inquiet et il formera des rêves et des désirs gigantesques.
Bonaparte souhaitait développer l’intérêt des Français pour l’art. Durant ses campagnes en Italie et en Égypte, il a pillé de nombreux chefs d’œuvre pour les exposer en France (6).
Il allait souvent au théâtre et récitait Corneille, son auteur préféré (6).
Son goût pour la peinture était réel. Il s’intéressait aux peintres de son époque et plus particulièrement à Gérard et David. Il appréciait aussi l’architecture.
Mais c’est surtout dans l’exercice même du pouvoir que Napoléon se considérait comme un artiste. Elie Faure, dans son essai Napoléon, cite une parole de Bonaparte à Roederer : « J’aime le pouvoir, mais c’est en artiste que je l’aime. » (7) Élie Faure synthétise : « C’est un poète de l’action. Voilà tout. » (7)

Napoléon Bonaparte : un homme conduit par ses émotions

Bonaparte exprimait spontanément ses émotions qui connaissaient, en outre, de très fortes amplitudes. Il avait une forte propension à la théâtralisation et se révélait un excellent manipulateur.
Napoléon était un être passionné, capable de très violentes colères. Et même s’il a eu quelques crises nerveuses, il n’était vraisemblablement pas épileptique (6).
La relation entre Napoléon et Joséphine était passionnée à ses débuts. Napoléon montrait une jalousie passionnée puis s’excusait. Ainsi, Bonaparte lui a écrit de nombreuses lettres enflammées. En voici un extrait : « Douce et incomparable Joséphine, quel effet bizarre faites-vous sur mon cœur ! vous fâchez-vous ? Vous vois-je triste ? Êtes-vous inquiète ? Mon âme est brisée de douleur, et il n’est point de repos pour votre ami... » (6) Par la suite, leur mariage est devenu un « mariage bourgeois. » (4)
Durant la campagne d’Égypte, il apprend que Joséphine le trompe et écrit : « c’est ma triste situation que d’avoir à la fois tous les sentiments pour une même personne dans un seul cœur », ou encore « la gloire est fade à 29 ans. J’ai tout épuisé, il ne me reste plus qu’à devenir bien vraiment égoïste » ! (6)
Napoléon Bonaparte pleurait souvent : après la boucherie de la bataille d’Eylau en 1807, après la mort du maréchal Lannes en 1809, lors de la naissance de son fils, lorsqu’il est arrêté le 19 juin 1815 ou encore quand il se rend dans la chambre de la Malmaison où Joséphine est morte un an auparavant.
Il pouvait changer d’humeur très rapidement comme l’écrit Marchand, son valet de chambre : « C’était une chose étonnante de voir la flexibilité d’esprit avec laquelle il reprenait son calme et sa gaieté ordinaire. » (6)
Au Conseil d’État, il met en scène son pouvoir en manifestant ses colères, en critiquant un tel ou en soutenant un autre. Il utilise à la fois la flatterie et les menaces pour convaincre le pape Pie VII qui s’exclame : « Comédien ! Tragédien ! » (4)

Napoléon, expert en manipulation

Napoléon a été un grand manipulateur très jeune. Lorsqu’il était élève à Brienne, son certificat pour le passage à l’école militaire de Paris mentionnait qu’il avait un « Caractère soumis, doux honnête et obéissant. » (2) Lucide, Chuquet dénonce le faussaire.
Le Baron Fain, dans ses mémoires, décrit Bonaparte à 40 ans et montre la façon dont il met en scène ses émotions : « Nul visage ne changeait plus vivement au gré des impressions de l’âme : de ce même regard qui naguère était caressant, tout à coup il sortait des éclairs. »

Napoléon Bonaparte : un homme orgueilleux et mélancolique

Napoléon était souvent triste. Sa mélancolie et ses tendances dépressives étaient une constante de son caractère.
À Brienne, il a de nombreux accès de nostalgie particulièrement au début de son séjour : il évoque la beauté du ciel de sa patrie corse et la douceur de son climat (2). À l’école militaire de Paris, en revanche, il apparaît moins sombre et plus communicatif (2).
Il était sombre et morose à l’âge de la puberté. Il avait le sentiment d’être un étranger en France. Ses humeurs sombres s’étaient incontestablement aggravées avec la mort de son père en 1785 (4). Chuquet relève, qu’en 1786, Napoléon « s’abandonnait à une mélancolie qu’il ne savait pas maîtriser. » (2) Bonaparte écrit dans La Nouvelle Corse : « Toujours seul au milieu d’hommes, je rentre pour rêver avec moi-même et me livrer à toute la vivacité de la mélancolie. De quel côté est-elle tournée aujourd’hui ? Du côté de la mort. Puisque je dois mourir, ne faut-il pas autant se tuer ? » (6)
Toute la vie de Bonaparte a été marquée par des accès réguliers de mélancolie et une réelle tentation pour le suicide. D’ailleurs, lorsqu’il revient sur sa vie, Napoléon reconnaît lui-même qu’il a toujours eu un caractère mélancolique (2).
En 1795, Bonaparte n’a plus de nouvelles de sa fiancée. Il écrit alors à son frère Joseph : « Si cela continue, mon ami, je finirai par ne pas me détourner lorsque passe une voiture. » (6) La même année, il se met en congé de l’armée, car il ne sert plus dans l’infanterie. Il est en proie à une mélancolie suicidaire (4).
En 1797, il ne veut pas rester à Paris, car l’inaction le rend mélancolique (4). Il a besoin de l’exaltation du combat, même s’il y risque sa vie.
Lors de la bataille d’Eylau, en 1807, Bonaparte est à nouveau mélancolique et plongé dans une grande incertitude (4).
À Waterloo, alors qu’il est encerclé, il se jette dans la bataille. Compte tenu de la disproportion des forces en présence, c’est un véritable suicide. Mais son entourage l’empêche de passer à l’acte.
À partir de 1808, lors de la guerre d’Espagne, Napoléon conserve toujours du poison à portée de main (6). Après avoir été vaincu, il fait une tentative de suicide, à Fontainebleau, en ingérant du poison dans la nuit du 12 au 13 avril 1814. Mais le poison n’a aucun effet létal. Il projette à nouveau de se suicider lors de sa déportation à Sainte-Hélène (4).
Fautrier relève que les périodes de haine de soi mélancoliques alternent avec les phases d’orgueil. Elle ajoute que pour Napoléon la victoire militaire n’a de valeur que parce qu’elle est conquise au risque de la vie (4).

Napoléon : un sentiment indéfectible de singularité

Napoléon avait, depuis son enfance, la certitude d’être un individu unique au destin singulier.
Lors de son arrivée en métropole, il est considéré comme un étranger. À Brienne, il fait l’objet de sarcasmes de la part de ses camarades qui se moquent de son accent (2). À Brienne comme à Paris, Bonaparte se sent différent des autres.
Il se tient à l’écart et ses camarades le décrivent sombre, farouche et renfermé sur lui-même (2). Le 25 août 1874, une fête est organisée par l’établissement. Il est indifférent à l’ambiance festive, s’isole et n’y participe pas. Mais une explosion provoque la panique des élèves effrayés qui fuient et saccagent le jardin entretenu par Bonaparte. Ce dernier les repousse alors à coups de pioche ! (2).
Chuquet écrit encore : « Ses camarades le trouvaient si différent d’eux-mêmes qu’ils ressentaient en sa présence une sorte de crainte. » (2) En fait, Napoléon tenait son charisme et son autorité de son caractère singulier.
Napoléon adoptait des tenues vestimentaires originales et pas toujours soignées (5). S’il était toujours habillé simplement, selon Chaptal, il était reconnaissable entre tous avec son chapeau et sa redingote (1). Par ailleurs, sa démarche et ses attitudes étaient singulières.
À Sainte-Hélène, il est convaincu que les médecins ne comprenaient pas sa maladie (4). Ne pas comprendre sa maladie revenait à nier le caractère unique de sa personne.
Bonaparte a toujours et fermement cru en son étoile et en son destin, c’est-à-dire à la singularité de sa destinée exceptionnelle. On retrouve cette singularité romantique lorsqu’il affirme : « Je me sens poussé vers un but que je ne connais pas. Quand je l’aurai atteint, un atome suffira pour m’abattre. » Chaptal écrit : « Il avait été si bien secondé par la fortune dans toutes ses entreprises, qu’il était parvenu à croire que ce qu’il appelait son étoile ne pâlirait jamais. » (1)
Enfin, il déclare que « les hommes de génie sont des météores destinés à brûler pour éclairer leur siècle. »

Le comportement de Napoléon Bonaparte en bref

Résumons. Bonaparte a vécu, dans sa prime jeunesse, un événement qu’il a ressenti comme tragique. Cet événement tragique était directement lié à un sentiment d’abandon. Napoléon ressentait un manque profond. Il a aussi montré, à certaines occasions, une authentique compassion. Il était sensible à la beauté et à l’art. Il exprimait ses émotions avec une grande intensité. Sa connaissance intime des émotions faisait de lui un excellent manipulateur. Il était souvent sujet à la tristesse et à la mélancolie. Il pouvait développer des tendances dépressives et parfois suicidaires. Enfin, Napoléon Bonaparte était convaincu d’être unique.
Ce sont là des comportements de type 4 de l'ennéagramme.

Alors, Napoléon Bonaparte était-il de type 8 ou de type 4 ?

Napoléon Bonaparte a pleuré, à de nombreuses reprises, en présence de témoins. À l’époque, pleurer était certes à la mode, mais Napoléon a vraiment beaucoup pleuré...
Et surtout, il a clairement exprimé et reconnu son désespoir et sa mélancolie. Un tel comportement est fondamentalement incompatible avec la motivation négative permanente du type 8, qui le pousse à combattre toutes les manifestations de faiblesse. Or l’expression répétée de la mélancolie et du désespoir est, pour un type 8, une manifestation de faiblesse qu’il réprime avec force. Bien entendu, le type 8 peut exprimer de la tristesse ou la mélancolie, mais de façon exceptionnelle à l’inverse de Napoléon Bonaparte.
En revanche, un type 4 peut s’appuyer sur le manque qu’il ressent pour alimenter sa volonté, sa force et son caractère dominateur. De plus, le courage et la bravoure sont totalement compatibles avec le tempérament romantique du type 4.
C’est bien le manque et l’absence ressentis par Napoléon Bonaparte qui ont alimenté son ambition et son courage. C’est aussi la certitude d’avoir, dès sa naissance, un destin unique et exceptionnel qui lui a donné cette assurance incroyable pour mener une vie hors du commun.

Napoléon Bonaparte était donc type 4 de l’ennéagramme.

Sa motivation positive permanente était la recherche de l’originalité, la certitude d’être unique et d’avoir un destin hors du commun. Bonaparte a toujours été persuadé de suivre son étoile. Il refusait la banalité et une vie commune.
Par ailleurs, Napoléon Bonaparte adoptait des comportements de type 5 et de type 3.
Comme le relèvent Chuquet et Masson, il aimait dès sa jeunesse la solitude pour satisfaire sa soif de savoir. D’après sa mère, Napoléon, lorsqu’il était enfant « n’avait jamais partagé les amusements des enfants de son âge » ; il s’isolait très souvent dans sa chambre : « Là, il lisait constamment, surtout des livres d’histoire. » (1) Son besoin d’isolement pour étudier s’est confirmé par la suite.
Aussi, Napoléon a été ambitieux et souhaitait atteindre ses objectifs rapidement. Il travaillait beaucoup et en attendait autant de la part de ses subordonnés.
Il est possible que Bonaparte ait développé une aile cinq puis une aile trois. Son aile cinq se serait alors construite très tôt puisque Masson relève son goût prononcé pour la solitude et l’étude des nombres dès son plus jeune âge.

Napoléon Bonaparte : un héros romantique

Tulard le considère comme le modèle des romantiques et cite Balzac : « Ce qu’il a commencé par l’épée, je l’achèverai par la plume. » (7) Chateaubriand, qui voyait en lui « l’ennemi mortel de l’égalité », reconnaît toutefois que « Bonaparte était un poète en action, un génie immense dans la guerre, un esprit infatigable, habile et sensé dans l’administration, un législateur laborieux et raisonnable. C’est pourquoi il a tant de prise sur l’imagination des peuples et tant d’autorité sur le jugement des hommes positifs. » (7)
Il est vrai que Bonaparte incarne particulièrement bien les deux traits principaux du héros romantique : la passion de la gloire et l’égocentrisme. Le romantisme se rapproche assurément type 4 : la revendication de la singularité du héros, l’exaltation de la passion et la mélancolie. Comme l’écrit Tulard « l’affirmation de l’individu, telle est la leçon que les romantiques ont retiré de l’aventure napoléonienne. » (7)
Le 15 décembre 1840, quand le cercueil de Napoléon Bonaparte entre dans la chapelle des Invalides, les artistes romantiques français sont présents en nombre (4). Ainsi Tulard voit dans le retour des cendres l’apothéose de la légende (7). Les romantiques ont assurément participé à construire le mythe napoléonien. Cependant, ils ne se sont pas intéressés à lui immédiatement et ils n’ont pas été les seuls à la faire. En effet, les tableaux et la chanson ont également participé à forger la légende populaire.
Lorsqu’il s’écrie « quel roman que ma vie ! », Bonaparte reconnaît évidemment son caractère romantique. Enfin, « l’imagination gouverne le monde » est une formule de Napoléon qui résume bien, à mon avis, sa conception du pouvoir.



Si vous souhaitez en savoir plus sur l'ennéagramme, je vous propose de lire "Comprendre et utiliser l'ennéagramme" :

Alors, Napoléon Bonaparte était-il de type 8 ou de type 4 ? Napoléon Bonaparte a pleuré, à de nombreuses reprises, en présence de témoins. À l’époque, pleurer était certes à la mode, mais Napoléon a vraiment beaucoup pleuré... Et surtout, il a clairement exprimé et reconnu son désespoir et sa mélancolie. Un tel comportement est fondamentalement incompatible avec la motivation négative permanente du type 8, qui le pousse à combattre toutes les manifestations de faiblesse. Or l’expression répétée de la mélancolie et du désespoir est, pour un type 8, une manifestation de faiblesse qu’il réprime avec force. Bien entendu, le type 8 peut exprimer de la tristesse ou la mélancolie, mais de façon exceptionnelle à l’inverse de Napoléon Bonaparte. En revanche, un type 4 peut s’appuyer sur le manque qu’il ressent pour alimenter sa volonté, sa force et son caractère dominateur. De plus, le courage et la bravoure sont totalement compatibles avec le tempérament romantique du type 4. C’est bien le manque et l’absence ressentis par Napoléon Bonaparte qui ont alimenté son ambition et son courage. C’est aussi la certitude d’avoir, dès sa naissance, un destin unique et exceptionnel qui lui a donné cette assurance incroyable pour mener une vie hors du commun.  Napoléon Bonaparte était donc type 4 de l’ennéagramme. Sa motivation positive permanente était la recherche de l’originalité, la certitude d’être unique et d’avoir un destin hors du commun. Bonaparte a toujours été persuadé de suivre son étoile. Il refusait la banalité et une vie commune. Par ailleurs, Napoléon Bonaparte adoptait des comportements de type 5 et de type 3. Comme le relèvent Chuquet et Masson, il aimait dès sa jeunesse la solitude pour satisfaire sa soif de savoir. D’après sa mère, Napoléon, lorsqu’il était enfant « n’avait jamais partagé les amusements des enfants de son âge » ; il s’isolait très souvent dans sa chambre : « Là, il lisait constamment, surtout des livres d’histoire. » (1) Son besoin d’isolement pour étudier s’est confirmé par la suite. Aussi, Napoléon a été ambitieux et souhaitait atteindre ses objectifs rapidement. Il travaillait beaucoup et en attendait autant de la part de ses subordonnés. Il est possible que Bonaparte ait développé une aile cinq puis une aile trois. Son aile cinq se serait alors construite très tôt puisque Masson relève son goût prononcé pour la solitude et l’étude des nombres dès son plus jeune âge.